bilan

  • Les états d'âme de Cath : bilan de la transat et de 4 saisons

    De temps à autre j'écris mes états d'âme, pour mesurer mes progrès d'aventurière des mers, faire le point sur cette vie de nomade. Après avoir traversé l'Atlantique l'hiver dernier et vécu quatre saisons de navigation, un petit bilan s'imposait !

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  • Cette fois c'est la transat !

    Une année sans rien écrire sur "mon" blog ! Normal, la vie continue et j'y prends de plus en plus de plaisir et d'assurance.

    La saison dernière a été plutôt laborieuse avec deux longs mois de travaux sur le bateau. J'ai passé des heures à poncer et donner un coup de main à Thierry dans ce que je sais faire. J'aime aussi cette vie à bricoler au chantier !

    Je n'ai maintenant plus d'anxièté particulière en prenant la mer. Nous avons affronté des conditions assez difficiles, sans toutefois subir du gros temps. J'ai confiance dans le bateau et dans le capitaine. J'ai même plutôt confiance dans ma capacité à surmonter des moments difficiles en mer. Je pars pour la transat avec moins d'appréhension que je n'avais en partant pour ma première traversée du Golfe de Gascogne !

    Au fil des navigations Thierry a fini par comprendre comment gérer les voiles : il nous arrive maintenant de monter les deux grand'voiles ! Thierry a potassé cet été le guide des manoeuvres d'Eric Tabarly qui explique comment gérer les voiles d'une golélette (le seul bouquin trouvé qui en parle), alors cette saison, on va battre des records de vitesse (peut-être dépasser les 5-6 noeuds par bon vent auxquels nous sommes habitués...) 

    Pour notre transat nous avons décidé d'embarquer un couple : plus que six heures de quart chacun ! Et surtout de la compagnie pour meubler toutes ces heures seuls au milieu de l'océan.

    Nous partons pour les Antilles où nous pourrons enfin savourer le plaisir de musarder tranquillement de mouillage en mouillage, de se baigner dans des eaux limpides, chaudes et poisssonneuses et de sacrifier le soir à la tradition du ti'punch ! Espérons que le bateau nous laisse un peu de répit question réparations en tous genres....

  • 6 semaines, premier bilan

    ​Plus de 6 semaine ont passé depuis mon embarquement à Porto et la fin d'année approchant c'est un moment propice pour faire un premier bilan.

    Les choses ont plutôt mal commencé avec ces 11 jours bloqués à Povoa de Varzim à se faire balloter au ponton dans une marina tristounette dans une ville sans attrait par mauvais temps. A part le bonheur de se dire que ça y est, que notre voyage en bateau a enfin commencé, nous sommes très loin du rêve !!!

    Notre voyage vers le sud s'est avéré plus pénible que je ne l'imaginais. J’aurais pu « entendre » les récits de traversées laborieuses à cet endroit, mais je ne voulais probablement pas casser le rêve… La mer est difficile avec une grosse houle nord-ouest de 3 à 5 mètres et des vagues qui suivent la direction du vent, généralement du nord. Lorsque le vent est trop faible, le bateau a du mal à garder le cap dans les vagues et il roule beaucoup. Le mouillage est impossible et les ports sont assez distants les uns des autres. En hiver, on ne peut pas relier le port suivant dans la journée. Comme nous avons besoin de nous entrainer aux navigations de nuit, nous avons fait le choix de partir dans l’après-midi et d’arriver le lendemain. Dans ces conditions difficiles, la nuit était plutôt stressante. Youenn a le mal de mer et nous l’avons assez peu sollicité pour les quarts de nuit. Un point positif tout de même : la température relativement douce qui permet de ne pas être gelés (mais équipés tout de même).

    Après Povoa de Varzim nous avons pu passer une grande semaine à Porto dans une marina très agréable. Quelques jours de grisaille et de pluie nous bloquent au bateau et pour finir nous ne parviendrons à visiter Porto que de nuit, un peu dommage. Toutefois cette escale est déjà plus agréable et ressemble un peu à des vacances. Ensuite nous faisons escale à Nazaré et les conditions météo sont toujours meilleures sans être encore vraiment agréables. L’escale suivante à Cascais sera enfin une vraie escale plaisir avec du soleil et une ville attrayante.

    Au final, nous naviguons très très peu. Les escales sont occupées à réparer ou améliorer le bateau mais Thierry prend son temps, rythme vacances. Le repos est bien mérité après cette année de labeur acharné ! Quant à moi, l’intendance quotidienne m’occupe suffisamment car les tâches ordinaires prennent plus de temps en bateau. Je tprends aussi le temps d’alimenter le site et d’aider Youenn dans son travail scolaire.

    A Cascais nous décidons de partir pour les Canaries, but tant espéré de ce premier voyage, où nous espérons passer l’hiver au chaud. A nous mouillages, baignages et balades sous le soleil, à notre rythme ! Mais avant… il y a cette traversée d’une semaine à faire tous les trois… J’ai confiance en Thierry mais je ne suis pas certaine de savoir gérer mon sommeil capricieux. J’ai toujours l’angoisse que les conditions météo soient plus difficiles qu’annoncé et que notre équipage trop novice vive une vraie galère. Mais le moment n’est plus aux hésitations : il faut se lancer ! D’autres le font sans plus d’expérience que nous.

    J’ai très mal géré la préparation de cette traversée. J’ai bossé toute la journée pour que le bateau et l’avitaillement soient prêts et le soir j’étais exténuée et fourbue. Trop occupée, j’ai négligé de préparer  de bons repas pour cette dernière journée. Erreur fatale : il faut partir reposé et repu ! La première nuit est difficile avec une grosse houle et au matin je ne parviens plus à rien avaler même si je n’ai pas de nausée. C’est difficile de s’alimenter à la volée quand on est au régime sans gluten : pas droit au pain (donc au sandwich) ni aux petits gâteaux. Youenn vomit à plusieurs reprises mais parvient tout de même à assurer deux  heures de quart au milieu de la nuit, ce qui nous soulage bien. Thierry, voyant son équipage mal en point, prend une sage décision : ne pas poursuivre et aller se reposer sur la côte sud du Portugal que nous pouvons atteindre dans la nuit suivante.

    Arrivés à Portimao il me faut plus d’une semaine pour remettre mon système digestif en ordre de marche ! Nous restons tranquilles à la marina et profitons de quelques jours de beau soleil pour nous requinquer.  La côte sud est attrayante et le climat y est agréable, un peu comme en Bretagne en septembre. C’est décidé, nous restons là. Je n’ai plus que deux mois de vacances et j’ai envie de profiter enfin de soleil, de petites navigations tranquilles et surtout de mouillages.

    Enfin, nous quittons la marina pour des navigations « plaisir » et de beaux mouillages ! Pour les baignades, il faudra attendre l’année prochaine… Nous restons aux abords de Portimao où nous voulons passer Noël. Nous jetons l’ancre dans la grande baie bien protégée aux pieds des falaises. Notre annexe nous permet d’aller faire du rase caillou : roches rouges et ocres, eau verte ou bleue selon les endroits. C’est un régal de couleurs et je photographie à tout va. Les couchers de soleil sont extraordinaires, plus beaux d’un jour à l’autre. Les jours passent trop vite, paisibles et agréables : enfin de vraies vacances !

    Nous touchons donc enfin de plus près à notre rêve ! Nous sommes fiers d’être arrivés là malgré notre manque d’expérience. Thierry manœuvre maintenant plus facilement le bateau et les arrivées de port se font sans stress. Youenn est un excellent matelot, toujours prêt pour hisser les voiles, préparer les amarres, envoyer  l‘ancre… Je me demande comment on fera sans lui. Nous avons pris confiance en nous en navigation et chacun sait ce qu’il a à faire. J’ai confiance en la capacité de Thierry à gérer des situations difficiles. Par contre je n’ai pas pu/su/voulu trouver le temps pour me familiariser avec tous ces appareils plein de boutons…  et une tendinite aux coudes tenace me dispense de manœuvres de voiles… pas top l’équipière ! Heureusement que j’assure plutôt bien comme bosco…

    Hier j’étais seule sur le pont en fin d’après-midi, le bateau filait gentiment au près par 10 nœuds de vent, le coucher de soleil était magnifique, la mer était belle… et j’éprouvais à nouveau ce bonheur indicible d’être là, tous doutes envolés sur mes choix. La nuit est tombée, le vent a forci et le bateau s’est enfoncé dans le noir profond d’une nuit sans lune. Toujours seule aux commandes et heureuse malgré le froid.

    Le plus important dans cette vie-là (comme ailleurs) est de prendre du plaisir à vivre ces moments ensemble, à partager les joies comme les difficultés. Je suis toujours heureuse de partager tout cela avec Thierry… et avec Youenn aussi qui est un ado bien agréable à vivre (même si je le houspille par moments pour le faire bosser !)

    Voilà… Je suis toujours convaincue d’aimer cette vie de nomade des mers et je doute toujours d’être apte à faire des grandes traversées. L’année 2015 devrait donc commencer par l’aboutissement de notre rêve, jusqu’à ce que je reprenne l’avion pour retourner au travail et laisse mes deux hommes et mon bateau là. A eux de remonter en Bretagne…