El Hierro

De La Palma à El Hierro

Le 28 mars nous quittons le mouillage devant la marina de Tazacorte (La Palma) vers 8 heures. Sous la protection de l’île le vent nous fait défaut et nous démarrons au moteur. Une fois passée la pointe sud le vent souffle à 20 nœuds du Nord-Est. Nous filons bon train au vent de travers, la mer étant plutôt calme. La journée est très agréable et le bateau file à 5-6 nœuds de sorte qu’on arrive près d’El Hierro en fin d’après-midi. Des nuées d’oiseaux tournoient au-dessus des flots et signalent des bancs de poissons. Les dauphins sont du festin et quelques-uns viennent nager autour du bateau. L’un d’eux fait des sauts impressionnants que Thierry parvient à filmer (en attente d’une connexion wi-fi pour télécharger le film).  Le long de la côte Est le vent longe la côte et vire Nord, aussi nous poursuivons au grand largue. Nous projetons d’aller à la marina de La Rastinga à la pointe sud ou de mouiller quelque part avant si c’est possible. Thierry repère une anse abritée du vent par le Roque de Bonanza mais la nuit est tombée lorsque nous y parvenons. L’endroit est impressionnant avec des falaises abruptes. Malheureusement les fonds tombent vite et la bande de mouillage possible est trop étroite pour s’y aventurer par cette nuit sans lune. Notre tentative se solde par un échec et nous poursuivons sagement jusque La Rastinga que nous atteignons vers 23 heures.

Les gardiens nous installent le long du quai de béton et, à marée basse et avec le vent, la manœuvre est délicate. Mais, ouf, nous voilà enfin au bout de l’île du bout du monde : l’endroit, désolé et battu par les vents, accentue cette impression ! Jusqu’à la découverte de l’Amérique El Hierro était considérée comme la fin du monde connu et le méridien zéro est longtemps passé par là. Il n’y a que  6000 habitants sur cette île et une grande partie est totalement inhabitée.

Une petite marina et un village accueillants

Au matin avec le soleil l’endroit nous apparaît beaucoup plus agréable. Le décor de la jetée de la marina est original. Une plage de sable noir s’abrite derrière ce haut quai et, pour une fois, la baignade est autorisée dans l’enceinte du port. A cette époque de l’année il y a peu de voiliers : nous retrouvons Seagull déjà rencontré à plusieurs reprises et sympathisons bien vite avec les voisins, Valérie et Greg.

La ville est colorée et quelques bars-restaurants animés longent la  marina.

Un spot de plongée réputé

La Restinga marque le début d’une zone importante de réserve marine et, paraît-il, le plus beau spot de plongée d’Europe. De fait, il y a une dizaine de clubs dans ce petit bourg. Thierry en repère un tenu par des français, Patrick et Murielle. L’accueil est très agréable - Murielle nous pilote sur l’île – et le matériel en excellent état. Patrick est très vigilent tout en laissant un peu de liberté. Nous vous le recommandons si vous passez par là : Centro de buceo Meridiano

Thierry programme quelques plongées avec eux : un vrai bonheur de nager dans un tel aquarium !  Il plonge avec un couple de français vraiment très sympa (Damien et Sandrine) qui voyage en vélo : traversée de l’Amérique du Sud, de l’Asie, Cap Nord, etc ! Allez jeter un œil à leur site : itinerances roue libre

Une île volcanique aux paysages très variés

La Rastinga est si isolée que nous louons une voiture pour une semaine. Il nous faut aller la chercher à l’aéroport au nord de l’île : deux bus jusque Valverde la capitale (3000 habitants tout de même !) puis un taxi et nous arrivons juste à temps avant la fermeture. Cette expédition est déjà l’occasion de traverser l’île et d’admirer ses superbes paysages. Le centre culmine à 1500 mètres et l’activité volcanique y est intense : pas moins de 500 cratères de volcans et la dernière éruption, à 5 km au sud de l’île, date de 2011 ! On repère d’ailleurs des capteurs ici et là dans les coulées de lave récentes…

Les coulées de lave sont soit un amas de cailloux, soit des sortes de bouses de vache géantes.

Coulee de lave 1              Vegetation sur coulee de lave

Une réserve de biosphère

L’île très sauvage est distinguée comme réserve de biosphère par l’UNESCO et présente une variété de végétation surprenante : en quelques kilomètres on passe des coulées de lave noire où rien, ou presque, ne pousse à un maquis coloré puis une jolie pinède sur les hauteurs. Le nord de l’île est si verdoyant qu’on y trouve même des vaches dans un décor qui n’est pas sans rappeler l’Ecosse : ce sont les premières que nous voyons sur les Canaries et le panneau « danger vaches » est certainement un spécimen unique en ces lieux ! L’emblème de l’île est un genévrier qui pousse en U inversé à cause du vent.

Une île 100% énergie renouvelable

L’île est quasiment auto-suffisante en énergie renouvelable avec 5 éoliennes seulement. Un système astucieux permet de faire remonter l’eau d’un réservoir aval vers un réservoir amont lorsque l’énergie est excédentaire. En cas de panne de vent (assez rare ici…) on fait redescendre l’eau pour alimenter des turbines.

La Mara de la Calma

C’est ainsi qu’on appelle la mer sur la partie sud de l’île. Abritée des vents la mer y est toujours calme tandis que le vent et les vagues chahutent les eaux alentours. La démarcation est très nette entre l’océan exposé aux alizés qui soufflent fort et cette zone protégée.

Mer

Baignade et barbecue à la Cala de Tacoron

L’île est très escarpée et rocheuse et les plages quasi inexistantes. Des « piscines naturelles » sont aménagées dans des criques et des échelles permettent d’aller se baigner. Des paillottes avec des tables et des barbecues – bois fourni ! – offrent un abri apprécié du soleil.

Non loin de La Rastinga, la Cala de Tacoron nous donne un premier aperçu de la côte sud : des coulées de lave noire très récentes se jettent dans la mer, formant une côte très découpée aux à-pic impressionnants. Nous prenons beaucoup de plaisir à nous baigner parmi les poissons, à l’abri du vent et au soleil. Nous y revenons avec nos amis plongeurs pour y boire un verre au bar du bord de l'eau.

Un soir, nous organisons un barbecue aux piscines de Tacoron avec tous nos amis plongeurs : soirée agréable et animée en bonne compagnie.

La Playa : un endroit peu favorable au mouillage !

Lors d'une promenade nous avons l'occasion de passer au belvédère de La playa qui surmonte l'endroit où nous voulions mouiller et qui se révèle guère favorable au mouillage !

La playa 1                                     La playa 2

Initiation à la spéléo dans un tunnel de lave

Notre première visite est pour la Punta de la Orchilla à la pointe Sud-Ouest de l’île. Il nous faut traverser la zone centrale montagneuse couverte de pinède puis descendre dans le maquis jusqu’aux  coulées de lave vers la mer. Là, près du phare, un tunnel de lave se cache des touristes (c’est le club de plongée qui nous a donné le « tuyau »). Nous nous équipons de lampes frontales, et d’un casque pour moi, pour descendre sous la terre en ce bout du monde… C’est ma première expérience – modeste – de spéléo, mais je suis toutefois impressionnée tant les lieux sont lunaires et inhospitaliers. Le tunnel fait quelques centaines de mètres et il faut par endroits se baisser pour passer dans l’étroit goulet. Il  débouche à flanc de falaise à 80 mètres au-dessus de la mer pour une superbe vue plongeante.

Nous allons ensuite nous baigner à côté, là où un quai et une échelle donnent accès à de jolies piscines. Pas trace du moindre bar ou restaurant, ni d’aucune habitation, sur notre route. N’ayant pas emporté de pique-nique nous rentrons à La Rastinga. Nous serons plus prévoyants la prochaine fois.

Pointe Nord-Ouest

Nous partons pour la pointe Nord-Ouest de El Hierro. Nous passons par une belle piste qui serpente dans la montagne au milieu de la pinède. Nous arrivons vers midi à la pointe Nord-Ouest sans avoir vu une seule maison et faisons halte à El Verodal, une des rares – si ce n’est la seule – plage de l’île au sable gris rosé. Nous pique-niquons à la plage : là aussi un abri s’intègre parfaitement dans le paysage. Nous piquons une tête mais des méduses nous font vite fuir !

Ensuite nous faisons une petite randonnée le long de la côte déchiquetée : de grosses vagues se brisent sur les rochers de basalte noir.  

Le nord de l'île

Nous partons ensuite à la découverte de la côte Nord. Une faille de près de 1000 mètres dégage un espace plat près de la mer avec la ville de Frontera où nous déjeunons dans un petit restaurant : repas délicieux mais service d’une lenteur exaspérante ! Nous perdons un temps précieux qui nous manque ensuite pour aller jusqu’au belvédère de La Pena. Nous tentons une baignade aux piscines de Charco Azul. L’endroit est très sauvage et un bassin sous la voûte rocheuse nous attire… mais les vagues puissantes y rendent la baignade inconfortable. Nous nous  rabattons vers les piscines aménagées de Charco los Sargos où nous piquons une tête. Je suis très surprise d’y voir plein de poissons alors que le bassin est assez fréquenté.

Le lendemain nous terminons la visite de l’île par la pointe Nord. Nous déjeunons dans un petit restaurant familial perché en haut d’une falaise à pic au-dessus de Pozo de Las Calcosas, un hameau de vieilles maisons de pierre de lave au raz de l’eau. Nous nous baignons dans les bassins tranquilles alors que les grosses vagues font des gerbes d’écume en se jetant sur les rochers alentour. Nous cherchons ensuite un bar en bord de l’eau pour finir la journée, mais ni El tamaduste, ni La Caleta n’offrent la moindre terrasse !

C'est où ?

Fil conducteur

Voir le récit précédant et le récit suivant de la saison 3.

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Date de dernière mise à jour : 13/04/2017