Rêve, aventure... et réalité !
- Le 23/04/2014
- Dans Les billets de Cath
Avoir « mon » bateau, trouver le « capitaine » avec qui partir autour du monde : tel est le rêve qui a germé dans ma tête durant ces années où je naviguais sur les « BDA » (Bateaux Des Autres). Thierry, lui, tenait à construire son bateau pour le connaître par cœur et savoir le réparer n’importe où. J’ai trouvé Thierry et « notre » bateau Lambarena : un bon bateau de voyage mais qui nécessite une remise en état complète avant le départ. J’aurais préféré acheter un bateau « prêt à partir », mais nous n’avons pas le budget nécessaire et l’expérience nous prouve que les bateaux d’occasion demandent tous des travaux.
Je décide de faire confiance à Thierry et sa capacité de rénover le bateau bien que ce soit un challenge pour lui qui a seulement retapé son petit bateau de 7,60 m et quelques maisons.
Pendant 3 ans Thierry s’est employé à démonter le bateau et a cherché sur internet et auprès de professionnels ce qu’il convenait de faire pour le remettre en état. Nous décidons ensemble de grands réaménagements pour nous installer une cabine confortable, gage de confort, et un grand espace table à cartes.
Durant l’hiver 2013 le chantier a véritablement commencé. Thierry travaille sur le bateau… mais doit aussi gérer le quotidien et tous ses ennuis financiers suite à son divorce. L’été arrive et le club de kayaks l’occupe à plein temps. Durant les week-ends je décape le pont, le peint, vernis le mobilier…
Optimiste, Thierry persiste à penser que le bateau sera prêt à partir à l’automne 2013. Je pose donc un long congé de 6 mois et nous rêvons de cet hiver à naviguer au soleil en direction du Cap Vert.
Nous décidons alors de fêter ce grand projet avec famille et amis : fin septembre nous réunissons tout le monde pour un week-end de fête autour d’un cochon grillé. Le bateau n’est alors guère avancé, mais Thierry reste persuadé malgré tout que le départ se fera avant l’hiver. Je veux le croire. Le désir de partir est si fort qu’il occulte la réalité !
Mi novembre, enfin en congés, je débarque à la maison et me mets au boulot : vernis, peintures et plaquage Comasel. Les mois passent, nous travaillons ensemble tous les jours… mais le chantier n’en finit jamais. Plus nous avançons, plus il semble rester de travail ! Thierry pense que nous mettrons le bateau à l’eau en janvier, puis en février, en mars, en avril… à chaque report le périple se raccourcit : on abandonne le Cap Vert pour les Canaries, puis les Canaries pour le Portugal… aujourd’hui, il me reste l’espoir de pouvoir enfin faire naviguer le bateau en Bretagne avant de reprendre le boulot fin juin !...
L’aventure n’était pas là où on l’attendait : c’est la construction du bateau qui se révèle être notre grande aventure de l’hiver 2013-2014 ! Moi qui me pensais inapte à participer à la reconstruction du bateau, je me découvre des capacités que j’ignorais… et surtout du goût pour ce travail ! Quelle fierté ensuite de pouvoir dire « nous avons construit ensemble notre bateau » ! Le bonheur est là, dans ces tâches manuelles menées ensemble au fil des mois. Nous mettons notre couple à l’épreuve du quotidien et des désillusions successives : travailler ensemble dans cet espace restreint après n’avoir cohabité que durant les week-ends est déjà un bon test pour notre future vie d’aventuriers des mers. Tout « baigne » : nous aborderons l’étape navigation sans inquiétude sur ce chapitre. Je suis fière de moi et très fière de Thierry qui a su mener ce chantier à bien, quand bien même il n’a pas su – voulu – voir que le travail était plus important qu’il ne l’imaginait ! Zéro pointé pour la planification !!! Nous avons tenu bon et avons prouvé notre ténacité. Nous partirons avec un bateau solide et bien conçu, que Thierry saura réparer et qui pourra nous mener aussi loin que nos envies et nos rêves nous pousseront ! Le plus important est d’avoir CONSTRUIT ensemble un bateau et un équipage solides. Qu’importe finalement ce retard : qu’est-ce qu’une année au regard de ce projet de vie ?
C'est bien connu : qu'importe le but, c'est le chemin qui compte.