mes impressions
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Bilan de 4 saisons et une transat
- Le 08/10/2018
- Dans Les billets de Cath
8 octobre 2018 : dans deux jours nous reprenons l'avion pour retrouver notre bateau laissé à Carriacou (Grenade). Cette 5ème saison sera a priori sous le signe du farniente aux Caraïbes. Nous allons musarder d'île en île vers le nord sans objectif précis. PROFITER.
Je suis toujours aussi heureuse de repartir sur le bateau. C'est décidément une vie que j'aime et qui me convient très bien. Elle est si riche de rencontres et d'imprévus et les Caraïbes sont un régal pour les yeux.
Que dire de mes talents de marin ? Je n'ai pas l'impression d'avoir beaucoup progressé dans l'art de la navigation ! Je ne comprends toujours pas vraiment comment régler toutes ces foutues voiles (ah si on avait un sloop... ce serait plus facile pour moi). J'en sais assez pour me débrouiller seule si jamais Thierry se trouvait dans l'incapacité d'assurer et c'est déjà pas mal. Je n'ai fait aucun progrès dans l'art du matelotage qui m'ennuie beaucoup. Par contre j'ai "assuré" durant notre transat à deux malgré des conditions de mer très difficiles : vent de 20 à 45 noeuds et vagues croisées de 6-7 mètres pendant presque toute la traversée. J'ai fait mes quarts et j'ai réussi à nous nourrir malgré les vagues qui secouaient le bateau dans tous les sens. J'ai bien eu quelques moments de détresse, principalement au réveil, après une mauvaise nuit, en découvrant les montagnes de vagues qui se "jetaient" sur le bateau... mais après une bonne crise de larmes je finis toujours par retrouver un peu de sérénité. Il m'est même arrivé de me sentir bien dans le vent au milieu des vagues si loin de toute terre ! Cette traversée m'a confirmé ma ténacité et ma capacité à tenir le coup sur une longue période, malgré la fatigue. Nous avons vécu cette aventure à deux... je devrais dire à trois, car Lambarena en est le premier acteur : solide, fiable, stable et sécurisant, bien qu'un peu bas sur l'eau. Thierry avait bien préparé le bateau et j'avais confiance dans sa capacité à gérer les problèmes techniques. J'ai maintenant une grande confiance dans mon capitaine qui est assurément un bon marin ! Pour cette traversée il a "campé" dans le carré de sorte qu'il était toujours à portée de vue et de voix, prêt à intervenir à tout moment si j'étais en difficulté. Sa présence à mes côtés me rassurait. Je ne me suis jamais sentie seule durant cette longue traversée. J'en garde le souvenir de journées harmonieuses malgré le stress dû aux conditions (il y a eu probablement quelques prises de tête mais je n'en garde aucun souvenir). On se sent bien petit et vulnérable à des milliers de kilomètres de la côte, sans croiser aucun bateau pendant de longues journées, au milieu de cette mer démontée. Que devriendrions-nous s'il fallait abandonner le bateau et monter dans le radeau de survie ? Eviter de penser à cela... Ma grande angoisse était de voir les vagues déferler et s'abattre sur notre pont au risque de tout arracher; mais par chance cela n'est pas (encore) arrivé.
Nos navigations aux Antilles nous ont ensuite confirmé nos progrès. Nous quittons maintenant le mouillage malgré un BMS (bulletin météo spécial annonçant un bon coup de vent) sans trop nous poser de questions alors qu'avant nous aurions sagement attendu l'accalmie ! Ces navigations musclées ont été un réel plaisir pour moi : de courte durée pour ne pas souffrir de fatigue excessive et une côte pas trop loin pour me rassurer (à tort probablement...) j'ai pu apprécier le jeu du vent et des vagues, retrouver le plaisir de mes anciennes navigations, quand ce n'était pas mon bateau et que j'étais inconsciente du danger. Du bonheur. Et la fierté d'être ce marin aux prises avec des conditions difficiles. La mer est si belle quand elle se fâche ! Malgré tout, j'ai toujours peur des grosses vagues... mais ma peur recule en même temps que les vagues grossissent et que je constate que le bateau les passe sans casse.
La question récurrente maintenant est : va-t-on traverser le Pacifique ? J'avoue que mon expérience de la transat me refroidit beaucoup et que je n'ai plus guère envie d'affronter les immensités du Pacifique ! J'ai peur des vagues scélérates... et des grosses vagues déferlantes que nous finirons bien un jour par rencontrer. Les Caraïbes sont un grand terrain de jeu et j'imagine qu'il nous faudra quelques années pour l'explorer. Les années passant et l'âge avançant, aurai-je un jour le courage d'afonter ce voyage même si ces pays me fascinent ? Peut-être que je laisserai Thierry faire la traversée sans moi et le rejoindrai en avion. L'avenir nous le dira.
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Cette fois c'est la transat !
- Le 27/10/2017
- Dans Les billets de Cath
Une année sans rien écrire sur "mon" blog ! Normal, la vie continue et j'y prends de plus en plus de plaisir et d'assurance.
La saison dernière a été plutôt laborieuse avec deux longs mois de travaux sur le bateau. J'ai passé des heures à poncer et donner un coup de main à Thierry dans ce que je sais faire. J'aime aussi cette vie à bricoler au chantier !
Je n'ai maintenant plus d'anxièté particulière en prenant la mer. Nous avons affronté des conditions assez difficiles, sans toutefois subir du gros temps. J'ai confiance dans le bateau et dans le capitaine. J'ai même plutôt confiance dans ma capacité à surmonter des moments difficiles en mer. Je pars pour la transat avec moins d'appréhension que je n'avais en partant pour ma première traversée du Golfe de Gascogne !
Au fil des navigations Thierry a fini par comprendre comment gérer les voiles : il nous arrive maintenant de monter les deux grand'voiles ! Thierry a potassé cet été le guide des manoeuvres d'Eric Tabarly qui explique comment gérer les voiles d'une golélette (le seul bouquin trouvé qui en parle), alors cette saison, on va battre des records de vitesse (peut-être dépasser les 5-6 noeuds par bon vent auxquels nous sommes habitués...)
Pour notre transat nous avons décidé d'embarquer un couple : plus que six heures de quart chacun ! Et surtout de la compagnie pour meubler toutes ces heures seuls au milieu de l'océan.
Nous partons pour les Antilles où nous pourrons enfin savourer le plaisir de musarder tranquillement de mouillage en mouillage, de se baigner dans des eaux limpides, chaudes et poisssonneuses et de sacrifier le soir à la tradition du ti'punch ! Espérons que le bateau nous laisse un peu de répit question réparations en tous genres....
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C'est reparti pour la saison 3
- Le 09/10/2016
- Dans Les billets de Cath
Mon dernier billet remonte à la traversée du Golfe de Gascogne l'an dernier !? Il s'en est passé des choses depuis... J'imagine que si je n'ai pas trouvé le besoin de m'épancher sur ce blog, c'est que j'ai cessé d'avoir des états d'âme. Une saison plus tard mes interrogations se sont enfin envolées : OUI je suis heureuse dans cette vie là et je ne regrette pas mes choix ! Bien sûr il me reste toujours un peu d'appréhension au moment de prendre la mer pour un long périple. Maintenant la question n'est plus "est-ce qu'on va arriver sans problème ?" mais plutôt "quel problème va-t-on avoir cette fois-ci ?". La différence est que je sais à présent que Thierry gère très bien les problèmes et que je stresse mais que c'est notre vie... Je lui fais confiance pour m'amener à bon port et c'est l'essentiel. Toutefois, nous n'avons pas encore essuyé de gros temps, maximum 35 noeuds (ce qui est déjà pas mal d'ailleurs)... Voilà, à quelques jours d'un nouveau départ, je reste un peu anxieuse mais je me sens tout de même assez sereine. Nous embarquons un équipier avec nous et ça me rassure beaucoup.
Thierry gère mieux le bateau même s'il a encore beaucoup à apprendre pour régler les voiles, une goélette ne se manoeuvrant pa du tout comme un sloop. La première année nous naviguions essentiellement avec la GV avant, la seconde c'était le tour de la GC arrière... peut-être que cette année nous allons enfin donner toute sa mesure à notre goélette et utiliser toutes ses voiles. Je vais être cette fois officiellement dispensée de manoeuvres de montée et descente de voiles : mon épaule gauche me fait souffrir depuis des mois et le verdict est tombé cet été : calcification du tendon ajoutée à une pointe d'arthrose. La veillesse qui commence incidieusement... Deux mois de kiné ont arrangé les choses mais les amplitudes sont perdues et certains mouvements restent douloureux. Il va falloir apprendre à ménager cette foutue épaule. Notre équipier pourra aider Thierry dans les manoeuvres.
Pour moi, la vie en haute mer est un intermède hors de l'espace temps : très vite je perds mes repères et la vie s'articule autour des quarts, le reste du temps étant occupé à dormir ou du moins me reposer. J'appréhende toujours la nuit qui m'angoisse mais ce sont aussi malgré tout des moments magiques avec le ciel étoilé et souvent les traces lumineuses autour de l'étrave provoquées par le plancton phosphorescent : cela fait un peu comme des cierges magiques... Comme je prends le quart de fin de nuit, j'apprécie particulièrement les levers de soleil. La nuit s'estompe peu à peu et des lueurs roses orangées éclairent le ciel à l'est. Petit à petit le jour revient et soudain c'est une explosion de lumière. Une autre journée commence à se laisser rêvasser en regardant les vagues, les nuages, les rares oiseaux de mer. Les bateaux se font rares voire inexistants durant plusieurs jours. Nous sommes seuls sur cette immensité, un petit point sur la carte. Les heures passent, à la fois toujours pareilles et jamais identiques. Et puis bien sûr il y a aussi ces moments magiques où des dauphins viennent nager autour du bateau. Ils passent sous la proue, sautent et repassent sans cesse. ils nous regardent de leur oeil rond : lequel observe le plus l'autre ? Ils ont toujours l'air de sourrire...
Hormis ces grandes traversées encore un peu anxiogènes pour moi, la vie de marin est vraiment un grand bonheur. J'aime vraiment beaucoup VIVRE sur le bateau avec Thierry qui est un capitaine et un compagnon formidable. L'hiver dernier nous avons pu vivre à notre rythme au gré des vents et des rencontres. La vie dans les marinas a été très riche de belles rencontres très diverses. La palme revient à cette bande de jeunes rencontrés à La Gomera avec qui nous avons vécu des moments formidables (Voir "On est une bande jeunes..."). Notre soirée crêpes en musique sur le ponton de Tazacorte restera aussi un souvenir indélébile. Thierry étant très sociable et parlant à tout le monde sans inhibition, nous faisons très vite des connaissances partout où nous allons. Je commence même à me dérider un peu et je parviens moi aussi à aller bavarder avec les gens... J'apprécie beaucoup nos soirées passées autour d'un verre ou d'un plat de pâtes à parler de nos voyages. Je rencontre des femmes qui comme moi ont eu beaucoup d'interrogations avant le départ et sont encore fragiles dans ce milieu. Parler avec elles de nos angoisses mais aussi de nos plaisirs me fait du bien.
La vie aux Canaries nous a aussi permis de faire quelques belles randonnées dans la montagne. Là aussi il m'a fallu prendre sur moi pour affronter mon vertige et ma fatigue, mais quelle belle récompense ! J'aime profiter de ces paysages magnifiques dans une nature sauvage, que ce soit en bord de mer ou sur terre. Notre vie en bateau nous permet de vivre au grand air et je me demande comment j'ai pu passer autant d'années enfermée derrière un ordinateur ! Je me sens BIEN sur le bateau.
Nous avons pu nous aventurer davantage au mouillage et ce sont des journées paisibles, loin de tout, à savourer le temps qui passe, le soleil... et la baignade. J'ai passé de longues heures avec mon masque à observer les poissons : je ne me lasse pas de ce spectacle !
Bref, j'aime cette vie simple au grand air, surtout riche de nos rencontres et de notre liberté.
Cet été j'ai vendu mon appartement à Rennes : me voilà totalement nomade sans plus d'attache à terre. Nous avons aménagé notre camping car pour y vivre lorsque nous reviendrons en France. J'espère que nous pourrons aller visiter d'autres pays par la route ! Pas de regrets : j'aime cette vie et ne reviendrais en arrière pour rien au monde. Je me sens à ma place dans ce monde marin. Toutefois je reste encore ébahie par l'audace et la tenacité dont j'ai réussi à faire preuve pour larguer les amarres et vivre enfin cette vie là ! Au fond de moi, je ne me sentais pas vraiment capable de cela.... et j'ai réussi !