7 Longue escale technique
Encore impossible de partir : il faut changer le moteur !
Nous avions hâte de retrouver notre bateau au Marin en Martinique et de pouvoir enfin partir vers des horizons plus lointains ! C'était sans compter sur le sort qui s'acharne à nous retenir prisonniers ici. Bon, honnêtement nous avions quelques inquiétudes... Notre bateau était sous la protection de Sara qui devait faire tourner le moteur tous les 15 jours (en échange du prêt de notre voiture). Mais Sara est partie à l'Anse Mitan en juin pour rejoindre Vlad, capitaine du 33 Export. Elle n'a plus trop pensé à notre bateau et lorsqu'elle y est enfin retournée le moteur n'a pas démarré. Sara a changé la batterie sans résultat. Le moteur a-t-il "serré" comme l'an passé ? Eh oui... et cette fois impossible de le remettre en marche. Thierry décide de sortir le moteur et le poser sur Cheyenne (l'ancien bateau de notre ami Jeff décédé, bateau donné à Charles qui le délaisse totalement...) à couple de Lambarena. Notre mécano préféré Fabrice, qui avait sauvé notre moteur en Guadeloupe, vient nous prêter main forte. Verdict : la culasse est fendue ! Notre bon vieux Perkins 4108 ne vaut pas une remise en état. Commence alors la recherche d'un nouveau moteur, d'occasion de préférence vu le prix du neuf. Après de nombreux contacts nous optons pour un moteur Volvo D2-50 reconditionné par Didier, mécano très réputé au Marin : presque un tiers du prix du neuf ! Nous sommes déjà début décembre et Didier prend des vacances jusque début janvier. Rendez-vous est pris pour le 6. Entre temps Thierry passe la semaine du nouvel an au lit avec 40 de fièvre : covid ou grippe ? Le rendez-vous du 6 est repoussé car notre commande d'un waterlock n'a pas été livrée. On change de fournisseur et le 17 janvier Didier vient nous remorquer pour nous mettre à couple de son bateau atelier. Avec sa grue la pose du moteur est un jeu d'enfant ! Il lui faut plusieurs jours pour l'installer et le mettre en route.
Le 21 nous regagnons notre place avec notre nouveau moteur tout beau tout neuf !
Thierry a profité de ce changement de moteur, d'abord pour nettoyer et repeindre la cale, puis pour changer tous les tuyaux et les câbles électriques qui passaient par là, et il y en a beaucoup ! Il réorganise les accessoires du moteur et de la cale : pompes, éclairage, etc. La commande du moteur doit passer de tribord à babord et nous faisons faire un joli tableau de commande. Le support de la manette des gaz est remplacé par une plaque d'alu. Gros travail qui lui prend un bon mois.
Lorsqu'on a enlevé le plancher du cockpit pour sortir le moteur, le bois a complètement explosé car tout pourri. Thierry achète une plaque d'alu de 5 mm et y taille un nouveau plancher. On nous donne un stock de lattes de bois rouge... Thierry cogite pour refaire un caillebotis. Ouf, une fois terminé, il lui reste à peine 20 cm de lattes ! Bref, on a maintenant un beau cockpit... mais restera à y refaire une couche de peinture car elle a "pris cher" durant ces travaux !
Après un épisode pluvieux ( si, si ça arrive !) on constate une entrée d'eau dans les toilettes arrière : le bois de l'assise du cockpit est pourri lui aussi à un endroit où l'eau stagne : encore un petit coup de résine !
Ajoutez à tout cela quelques bricoles à réparer ici et là, notre ancienne annexe et notre voiture à remettre en état pour les vendre et tout cela nous amène fin février.
4 mois au mouillage au Marin
Lambarena est amarré à couple du bateau Cheyenne à une centaine de mètres du port de pêche du Marin. Très loin du mouillage de rêve devant une plage de sable blanc bordée de cocotiers ! Mais pratique pour faire avancer nos travaux. L'eau est trouble et les annexes passent et repassent autour de nous. Nous limitons nos baignades à la douche réglementaire ! De temps à autre nous prenons l'annexe pour aller nous baigner à Ste-Anne.
En ces temps d'apartheid des non vaccinés nous sommes des parias et ne sortons pas. Heureusement un bar très sympa accueille tout le monde et nous allons régulièrement y prendre un verre.
Depuis notre retour nous vivons dans un atelier de mécanique ! Tous les outils sont sortis et les travaux apportent beaucoup de saleté. Je parviens à préserver la cuisine. Quant à notre cabine, le chantier la rejoint fréquemment car on y stocke du matériel... Bref, j'ai vraiment hâte que ce chantier s'achève et de retrouver un bateau rangé et propre !
Nous sommes très occupés, soit à nous reposer, soit à bosser. Bien que nous ayons une voiture nous n'en profitons guère pour aller nous promener ; dommage ! Nous circulons un peu dans la montagne aux alentours du Marin et la vue de là haut est superbe.
Quelques soucis de santé
A notre arrivée Thierry était très fatigué par les six mois de travaux en Bretagne. Entre notre hangar à Sizun, la maison de Marion près de Rennes et le ravalement de la façade de sa maison à Lorient, Thierry n'a pas chômé. Il souffre d'une côte déplacée et a vraiment besoin de repos. Le délai d'installation du moteur en janvier lui laisse un peu de répit pour se reposer.
De mon côté une douleur au pied m'empêche de marcher depuis une bonne année. Malgré plusieurs séances d'ostéopathie rien n'y fait. Faire les courses au supermarché est ma limite. C'est pour moi un problème car la vie en bateau nécessite de pouvoir se déplacer à pied. Impossible aussi de partir en rando alors que nous avons une voiture pour aller découvrir la Martinique.
Nous rendons deux visites à notre amie Brigitte qui retape un catamaran au Robert. Elle pratique l'acupuncture, l'ostéopathie et la médecine chinoise. C'est elle qui avait donné un bon coup de pouce à mon frère l'hiver dernier. Ses séances de fléchettes nous redonnent un peu d'énergie mais ne soulagent pas le dos de Thierry.
Je découvre enfin au Lamentin une ostéopathe qui me remet sur pied et débloque aussi le dos de Thierry. Ouf ! Nous allons pouvoir continuer le voyage.
50h de moteur à faire
Didier nous demande de faire 50 heures de moteur avant vidange et scheck-up complet. Nous voilà enfin partis le dimanche 27 février ... pour la pointe Borgnesse à l'entrée de la baie du Marin. Dès le départ l'alarme du moteur retentit ! Stress. Arrivés au mouillage Thierry contrôle tout mais ne voit rien d'anormal... sauf peut-être que le moteur chauffe trop ? On revient le lendemain au Marin chercher de l'essence mais plus d'alarme. On repart au mouillage à Ste-Anne. Thierry resserre les colliers et plonge pour débarrasser le passe-coque d'admission d'eau d'éventuels coquillages.
Le 1er mars, enfin, on se décide à s'aventurer jusqu'à l'Anse Mitan. En route l'alarme du moteur se déclenche encore. Thierry remédie à un problème du moteur : de l'air dans le circuit de refroidissement.
Nous venons là car Vlad nous a confectionné deux jolis lazybags, mais impossible d'y rentrer toute la voile. Nous lui rapportons pour qu'il arrange ça et l'opération demande quelques jours de délai. C'est l'occasion pour passer une soirée agréable avec lui.
Nous retrouvons ici Christian et Coralie sur Jungle, le cata voisin lors du premier confinement en 2020 à Ste-Anne. Nous les croisons de temps à autre avec plaisir.
Dérapage seule à bord
Thierry profite de cette attente à l'anse Mitan pour retourner plonger avec le club local sur l'épave du Nahoun. Je reste seule à bord tandis que le vent souffle en violentes rafales. Alors que je m'apprête à boire mon café du matin, l'alarme de surveillance du mouillage se déclenche : effectivement on se rapproche dangereusement du bateau derrière nous. Zut, faut que ça arrive quand je suis seule à bord ! Je démarre le moteur ... dont l'alarme se déclenche elle aussi ! Est-ce que je vais pouvoir compter sur le moteur ? Je prends la barre pour avancer le bateau... et la barre me reste dans les mains (Thierry l'a posée sans la clipser et le clips a changé d'equipet de sorte que dans la panique je ne le trouve pas). Oh, non !!! J'arrive à la réinsérer et en la tenant avec le genou et je parviens à avancer le bateau. Et toujours ces deux alarmes qui me stressent !... J'appelle Vlad au secours. Il passe prendre son pote Gégé et ils montent à bord. Leur présence me rassure. Ils décident de réancrer le bateau. En montant l'ancre le guindeau disjoncte : heureusement je sais où est le disjoncteur... Le bateau est finalement bien ancré et je n'ai plus qu'à attendre le retour de Thierry vers midi. Ouf !!!! Moi qui ai beaucoup de mal à gérer mon stress depuis une aventure extraordinaire de kidnapping il y a plus de 30 ans, me voilà mal pour deux jours.
Au final, en analysant le traçage du bateau sur Anchor (l'application se surveillance du mouillage sur tablette) il semble qu'il n'a pas dérapé mais que la chaîne a dû se tendre brutalement et libérer une dizaine de mètres, ce qui a fait sortir le bateau du cercle de sécurité. Mais Thierry n'était pas à bord pour faire cette analyse au moment où l'alarme s'est déclenchée...
Cette mésaventure me rappelle les limites de mes compétences de marin... et surtout mes difficultés à gérer mon stress post traumatique.
Retour au Marin
Nous quittons l'anse Mitan le 8 pour une escale repos de quelques jours à l'anse Fortune, un peu au sud de l'anse Noire. Nous y sommes seuls et c'est un endroit superbe, repaire des clubs de plongée locaux pour ses jolis fonds. Nous nageons au milieu de bancs de poissons. Pas de chance, la météo est capricieuse : vent et pluie avec quelques rares rayons de soleil.
De retour à Ste-Anne le 11 mars il nous reste à changer la chaîne qui est bien rouillée (elle a fait 8 ans tout de même !) mais surtout à vendre notre voiture et notre ancienne annexe.
Encore quelques heures de moteur au mouillage et le 30 mars nous passons à la révision : tout est ok mais impossible de trouver pourquoi l'alarme se déclenche par moments !
C'est où ?
Fil conducteur
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Date de dernière mise à jour : 05/04/2022
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