Bahamas : îles Inagua

Projet de poursuite du voyage

 Nous rêvons tous deux de fonds marins poissonneux avec de beaux massifs coralliens à explorer dans une eau cristalline. La République Dominicaine nous a frustré de baignades ! Thierry rêve de pêcher une belle langouste et quelques poissons.
Nous décidons de nous rendre aux iles Turks & Caicos réputées pour leur beauté. Plutôt que d'y aller directement depuis Luperon, nous optons par des escales aux deux îles Inagua des Bahamas, un peu plus à l'ouest.
Les mois passent vite et nous devons déjà programmer notre retour. Une fois dans l'est de l'archipel des îles Turks nous pourrons revenir vers Aruba en faisant escale sur l'île Mona au milieu du canal entre Porto Rico et la République Dominicaine. De là nous aurons un angle favorable pour redescendre à Aruba.
En prévision d'escales dans des îles désertes et aux îles Turk où le ravitaillement est hors de prix, nous faisons un gros plein des cuves et des placards. Pour les produits frais c'est malheureusement difficile d'avoir plus de deux ou trois semaines d'avance. Notre frigo est petit mais le freezer congèle bien et permet de garder de la viande.

Luperon - Great Inagua

 Nous préparons le départ pour le mercredi 19 avril à 17h afin d'arriver le surlendemain sur l'île des Bahamas. Lorsqu'on relève l'ancre le bateau refuse d'avancer bien que le moteur et l'hélice tournent. Thierry suspecte une bonne couche de coquillages sur l'hélice. Le départ est retardé de 24h. Effectivement une fois l'hélice et la coque grattées tout rentre dans l'ordre.
La météo est déroutante. Windy nous annonce deux dépressions et du vent d'ouest tandis que les fichiers grib et Timezero prévoient seulement du vent d'est. Qui aura raison ?
Nous quittons donc Luperon le jeudi 20 avril un peu avant 18h. Cap au nord-ouest au grand largue. Une fois sortis de la ria, le vent d'est s'établit à 15 noeuds et une houle croisée de 1,5 à 2m nous pousse à six noeuds de moyenne. Mon quart du soir est très calme avec moins de 10 noeuds de vent. Thierry peut dormir tranquille. Le pauvre a moins de chance pour son quart de nuit. Il essuie un gros orage avec une belle averse et 25 noeuds de vent. Il installe la rallonge de la capote pour ne pas être trempé. Des éclairs zèbrent le ciel mais heureusement l'orage reste assez loin. Au matin le vent faiblit et la houle s'estompe. Dans la journée nous traversons le centre d'une dépression avec un calme plat,  quand un grain soudain avec 30 noeuds de vent oblige à prendre deux ris à toute vitesse. Le vent tourne à l'ouest (bravo Windy !) . En suivant une ligne droite nous passons par toutes les allures et amures avec un vent qui fait un 380 degrés ! Mon quart du soir est encore tranquille avec 7 noeuds de vent mais le pilote disjoncte à deux reprises (nous pensions pourtant avoir réglé ces problèmes...). Thierry reprend le quart de nuit et c'est à nouveau "pétole" au centre d'une seconde dépression. Comme nous devons ralentir pour arriver de jour, Thierry laisse aller le bateau tranquilou à un ou deux noeuds. Il est intrigué par un grand halo lumineux qu'il pense d'abord être la ville des îles Turk mais c'est trop puissant pour une petite ville à cette distance d'une bonne trentaine de milles. La masse lumineuse se rapprochait. A un moment un bateau de pêche très éclairé s'en est approché mais ce n'est pas lui qui générait ce halo lumineux.  Le bateau s'est éloigné et la lueur est restée encore un moment avant que Thierry constate qu'elle avait disparu. Ce halo restera un OLNI : un objet lumineux non identifié.
Nous mettons enfin le moteur après avoir pris notre petit-déjeuner à table dans le cockpit tant la mer est calme. Nous poursuivons au moteur avec un petit vent d'ouest dans le nez. C'est rare, mais ça arrive... surtout quand on voudrait du vent d'est (ma poisse météo ne se dément pas !).
Durant cette navigation je souffre du mal de mer, ou d'une bonne migraine - voire des deux conjugués - qui anéantit toute velléité de faire quoi que ce soit, y compris manger, et me fait dormir comme une marmotte. Bref, je suis une équipière défaillante... bonne occasion pour Thierry de s'entraîner pour sa transpacifique en solitaire (lol)...

Great Inagua

 L'île est très plate et ne se voit qu'à une dizaine de milles. Nous la contournons par le nord pour aller mouiller sur la côte ouest. Le paysage est peu varié : une fine couche de jaune pour les plages et une couche tout aussi fine de vert pour la maigre végétation qui recouvre L'île. Aucun arbre mais des arbustes.
Le nord de l'île est totalement désert, aucune habitation ! Le seul bourg est au sud.
Nos deux cartes marines ne nous donnent pas les mêmes indications aussi nous approchons doucement. L'eau est lisse par cette très légère brise d'ouest. Nous devons nous ancrer en prévoyant qu'il vire nord ou est. Il est midi et après notre repas nous filons faire une sieste. Au réveil le vent s'est levé et a tourné au nord. Thierry plonge pour vérifier l'ancre. Le fond est fait d'une roche recouverte d'une fine couche de sable où la "pioche" ne rentre pas. Trop près des cailloux, nous décidons d'aller mouiller un peu plus loin. Cette fois nous mettons 60 mètres de chaîne pour assurer la tenue du mouillage même si notre ancre est juste posée en surface.
Nous qui rêvons depuis des mois de superbes baignades dans les massifs de coraux au milieu des poissons, nous sommes bien déçus car il n'y a pas de coraux en vue ! Les eaux sont cristallines mais il n'y a pas grand-chose à voir. Aucun oiseau sur cette île, preuve que les eaux ne sont guère poissonneuses. Le fond laisse à penser qu'il y a eu des coraux... mais il ne subsiste que quelques gorgones en piteux état et bien faméliques. Ce n'est pourtant pas la pollution et les trop nombreux voiliers qui ont dépeuplé les fonds marins...
Nous décidons de ne pas nous attarder ici, d'autant qu'une houle de 50 cm arrive du nord et rend le mouillage très rouleur. Décidément nous n'avons pas de chance cette saison avec les mouillages protégés des vents dominants d'est mais qui se révèlent toujours rouleurs avec une houle du nord !
Ici bien évidemment il n'y a aucun réseau de Télécom. Nous avons prévenu les enfants de ne pas s'inquiéter de notre silence. Nous quittons donc le monde d'internet juste au moment où le peuple de France commence à se rebeller sérieusement. Suspense... Nous devrons attendre un bar avec de la wifi  aux Iles Turk pour savoir comment évolue ce mouvement de colère sociale.

Cliquez ICI pour voir les photos.

Little Inagua

 Après deux nuits au mouillage au nord de Great Inagua, nous poursuivons notre route vers Little Inagua, distante d'une dizaine de milles au nord-est. Nous craignons que cette fois encore le mouillage sur la côte ouest soit rouleur avec un vent et une houle du nord...
Pour cette petite navigation au moteur nous essuyons ce que Thierry appelle une "série de 3" : les pannes arrivent toujours par trois. Ça commence par la chaîne qui se coince dans le guindeau au démarrage. Ça se poursuit par le pilote qui disjoncte sans cesse. Thierry reprend une après l'autre toutes les cosses du circuit électrique et ça finit par fonctionner à nouveau. Le troisième problème survient à l'arrivée avec une panne du guindeau, vite réparée par super Titi.
Le vent tourne nord-est et nous optons pour le mouillage en bas de la côte ouest. L'île est totalement déserte et aussi plate que Great Anagua avec cette végétation d'arbustes. Le mouillage est indiqué sur la carte Navionics par 4 mètres de fond de sable et entouré d'avancées rocheuses. L'eau est limpide et enfin de ce sublime bleu des mers du sud. Pas de houle : nous allons pouvoir goûter aux joies du mouillage ! Après sa sieste Thierry part en chasse et revient avec un énorme mérou de sept kilos. La bête lui a donne du fil à retordre en se faufilant sous un rocher, mais il a fini par l'attraper. Un baracuda tourne autour de lui, attiré par le poisson. Heureusement la bouée de plongée a pu porter le monstre jusqu'au bateau. Nous avons de quoi faire quelques bons repas. Une fois les filets enlevés il reste 5 kg de poisson qui retournent à l'eau nourrir la faune locale. Ce soir ce sera poisson au four et papas arugadas (souvenir de notre passage aux Canaries).
Le vent tourne résolument à l'est et reste très modéré. La mer devient un lac d'un calme inespéré !
Nous décidons de passer deux nuits dans ce coin de paradis et de lever l'ancre au soir pour aller vers les îles Turks.
Le lendemain nous profitons pleinement du calme de notre coin de paradis aux magnifiques eaux bleu turquoise. Baignades, un peu d'entretien du bateau pour Thierry et mots croisés pour moi. Thierry cherche en vain une langouste dans les rochers qui entourent notre point de mouillage. Les fonds de roche recouverte d'une fine couche de sable sont plutôt attrayants, parsemés de belles gorgones et de petits rochers qui abritent des poissons colorés. L'abord des rochers est décevant, aucune flore n'y pousse mais de gros poissons s'y abritent. Un barracuda d'un bon mètre et un thon nous accompagnent dans notre baignade, curieux visiblement de ces drôles de poissons. Pas très rassurée ! Nous marchons le long de l'immense plage de sable blanc jonchée de rochers rosâtres. L'île est un bloc aplati de roches calcaires où pousse une maigre végétation d'épineux impénétrable en maillot de bain. Rien à voir.
Entre deux baignades Thierry révise la poupée du guindeau et le moteur hors-bord. Dans ces îles désertes il est impératif de pouvoir compter sur notre annexe; une panne pourrait nous mettre en difficulté.
Un petit avion vient survoler notre bateau : seule marque de présence humaine dans ce coin perdu. Le lendemain c'est un hélicoptère des garde-côtes qui passe juste au-dessus de nous.
Dans la journée le vent vire sud-est ! Pourvu que ça dure, ça permettrait d'aller aux îles Turks à la voile. Ne rêvons pas trop...
En fin d'après-midi, le temps pour moi de remplir deux grilles de mots fléchés (mais je suis rapide !) le bateau fait un tour complet sur lui-même. Jamais vu ça dans les Caraïbes !

Encore un faux départ !

 Nous nous préparons à appareiller le mercredi 26 au soir juste avant que la nuit soit tombée totalement pour y voir un peu clair durant la manoeuvre. Pas de chance : le moteur du guindeau refuse de remonter l'ancre ! Bon, départ retardé de 24 heures...
Le lendemain, dès l'aube, Thierry se bat avec le moteur qui tombe en ruines. Des pièces cassent de tous les côtés. Il faut toute l'ingéniosité et la patience de Thierry pour le réanimer : souder, coller, nettoyer... Il parvient finalement à le ressusciter mais c'est le relais d'alimentation qui ne fonctionne plus que pour la descente. Thierry jette l'éponge et remet la réparation du relais au lendemain. Le départ est donc encore retardé d'une journée. Dans l'après-midi nous sommes surpris de voir un voilier au mouillage à bonne distance de nous. Ça fait bizarre de ne plus être totalement seuls sur notre île déserte !
Le relais est réparé lui aussi dans la matinée. Tout fonctionne. Pourvu que ces réparations tiennent quelques semaines... L'achat d'un moteur et d'un relais de guindeau neufs s'impose pour la saison prochaine.
Nous partons ensemble nous baigner vers les rochers. Thierry emporte son fusil harpon et traîne la bouée de plongée. Je pars devant et Thierry resté en arrière me fait signe. Il vient de voir un grand requin de deux bons mètres et juge plus prudent de revenir au bateau. Je le suis prudemment, guettant le monstre, rassurée par sa présence et son fusil harpon. Heureusement la bête semblait tranquille et, nous ayant vus, elle passait son chemin. C'est la première fois que nous croisons un requin de cette taille et ce genre de rencontre ne me motive guère pour la  baignade !
Dans la journée le vent forcit légèrement et s'établit sud-est. Notre navigation de nuit vers les îles Turks va peut-être se faire à la voile...

Photos

Chaussez vos palmes et ajustez votre masque pour nager ensemble jusqu'à la plage. Le barracuda viendra peut-être nous accompagner. La balade est chouette, les couleurs superbes : voir ICI  les photos.

C'est où ?

Date de dernière mise à jour : 13/05/2023