Iles Turks & Caicos

Navigation vers les îles Turks & Caicos

 Nous quittons Little Inagua le vendredi 28 avril vers 18h. Thierry a eu la bonne idée de nous préparer une bonne pile de crêpes pour la route. Pour ma part je prépare des pâtes, c'est moins fun. Le vent est légèrement sud-est et nous espérons pouvoir naviguer à la voile. Nous tirons un long bord de près vers le sud puis virons. Et là ça se gâte : on tire des bords carrés ! Le vent a viré est, voire nord-est, soit pile poil notre direction. C'est parti pour du moteur ! Lors de mon quart du soir, le bateau dévie vers le nord alors même que je reprends sans cesse du cap. Lorsque Thierry prend son quart à une heure du matin il fait une tentative pour naviguer sous génois, mais rien n'y fait. Heureusement la mer est calme et le vent est modéré à 13 noeuds. Au matin Thierry constate soudain que le bateau se met à dériver vers le sud !? De fait la marée vient de s'inverser : un fort courant sud-nord se crée à marée montante et s'inverse à marée descendante. Au lever du jour nous approchons de l'île la plus à l'ouest des îles Turks. L'endroit ne fait vraiment pas envie. C'est une coulée de lave noire sans végétation qui surplombe la mer d'une dizaine de mètres. Les fonds passent brusquement d'une centaine de mètres à seulement six mètres. L'eau est noire. Nous poursuivons jusqu'à l'île principale, Providence, distante de dix milles. Il suffit de suivre le chenal indiqué en pointillés sur la carte. Les fonds de sable oscillent entre quatre et six ou sept mètres. Les cailloux sont bien indiqués. Nous sommes surpris de constater que l'eau est verte... mais lorsque le soleil s'élève dans le ciel, toute la mer à perte de vue devient enfin bleu turquoise. A 11h nous jetons l'ancre devant une plage de l'île Providence... par 2,40 m de fond (à marée basse) pour nos 2,20m de tirant d'eau ! De luxueuses villas s'alignent sur la côte : visiblement c'est un île "friquée". 

Île Providence : 1er contact très désagréable !

 Après une bonne sieste bien méritée Thierry descend l'annexe et nous voilà partis pour une virée à terre. Nous sommes ancrés non loin d'un immense ponton et nous pensons innocemment que c'est pour nous, pauvres navigateurs de passage. Mais non, c'est un ponton privé qui donne sur la plage privée elle aussi ! Interdit d'accès. Nous allons voir le catamaran américain ancré non loin de nous. Le gars nous explique qu'il faut aller à la marina à quelques milles de là pour faire la clearance d'entrée et que là nous pouvons acheter de l'eau, louer une voiture (80$ par jour) ou demander un taxi. Aucun magasin n'est accessible à pied. Nous partons donc pour la marina, vagues de face. Il nous faut une bonne demie-heure pour y accoster juste avant 17h. Pas le temps de nous amarrer qu'un black vient nous demander ce qu'on veut. De l'eau. Il nous demande nos papiers d'immigration avant toute discussion. Pas aimable le gars, quel accueil ! Il nous envoie au bureau sur le quai qui ferme... à 17h. Nous entrons dans un bureau et y trouvons un black style rasta qui nous explique que l'office est fermé et qu'il faut faire une demande par internet. Sympa, il nous donne gratuitement le code wifi. Il nous donne les tarifs : taxe d'entrée 60$, taxi pour le supermarché 30$ par personne. Nous lui expliquons que nous avons juste besoin d'eau pour poursuivre notre voyage. Il comprend notre besoin et nos réticences à rester sur cette île si peu accueillante pour qui n'a pas des liasses de dollars en poche ! Malheureusement nous n'avons pas apporté de bidons et ne pouvons pas acheter d'eau du robinet. Il nous déconseille de revenir le lendemain car son collègue est beaucoup moins compréhensif... Installés sur la terrasse, nous profitons de la wifi pour prendre la météo et actualiser nos téléphones. Nous faisons même une visio avec les enfants. Le gars vient alors nous proposer d'aller au supermarché avec son collègue (celui qui nous a si mal accueillis) pour 20$, ce que nous acceptons avec empressement, tout heureux de cette solution inespérée !
Nous partons donc avec le gars toujours aussi peu aimable. Ici c'est conduite à gauche. Sur le trajet d'une dizaine de minutes nous avons déjà une bonne vision de cette île. Joli paysage. Des villas très luxueuses partout avec des accès privés protégés par des skeckpoints de gardes. La zone commerciale est à la hauteur de l'île : très sélect. Le supermarché est approvisionné avec tout ce que les riches désirent, le tout à des prix exorbitants : 2$ une orange, 12$ une grappe de raisin, 100$ une grosse côte de boeuf, 8$ un sachet de pain de mie... Je prends des clémentines (introuvables en République Dominicaine), une papaye verte, des carottes et deux sachets de pain tandis que Thierry achète 15 bouteilles d'eau minérale de 1gallon, soit 3,785 litres. Le supermarché est fréquenté par des blacks bien noirs et quelques blancs bien blancs : pas de métissage ici ! Je me demande où sont parqués les pauvres... ceux qui servent ces riches aux luxueuses villas... seraient-ils si bien payés qu'il puissent s'approvisionner à ces tarifs ? En dix minutes les courses sont faites et nous revenons à la marina. Notre chauffeur nous demande alors 25$ au lieu des 20 convenus... mais, miracle, il nous aide à sortir les bidons d'eau qu'il pose au pied du coffre (faut pas abuser...). Bref, cette escapade confirme totalement notre première impression : c'est un ghetto de riches, tout ce que nous excécrons ! Quelle différence avec la gentillesse souriante des gens en République Dominicaine ! Cela nous conforte dans notre décision de ne pas traîner ici. Nous rentrons au bateau à la nuit tombée.
Nous nous octroyons tout de même une pause d'une journée avant de repartir. Le vent d'est se lève et une houle de 50 cm vient chahuter le bateau. Thierry a cadenassé l'annexe sur le côté avec la grosse chaîne qui fait un bruit infernal avec la houle. Dans la nuit il craque et va la libérer pour qu'on dorme plus au calme. Espérons que des voleurs d'annexe ne passeront pas par là. Le lendemain le vent et le houle persistent jusqu'en fin d'après-midi, rendant inconfortable toute balade en annexe. C'est donc une journée repos sans sortir du bateau. L'eau autour de nous se trouble et impossible de voir le fond pourtant à juste deux mètres. 

Poursuite du voyage

 Nous revoyons la suite de notre voyage puisque nous écourtons cette escale aux îlesTurks & Caicos. Nous décidons de refaire une assez longue halte à Samana en République Dominicaine. Nous pourrons y refaire un approvisionnement complet et aller nous promener en voiture. Nous pourrons peut-être même acheter un guindeau à Saint-Domingue...
Apres une journée de repos à la Providence (assez mal nommée à notre avis), nous allons traverser l'archipel Turks & Caicos vers le sud-est pour rejoindre successivement deux îles désertes sur notre route vers Samana : Six Hills Cays à 40 milles, puis Big Sand Cays à 26 milles. Ensuite nous prendrons la route sans escale vers Samana à 180 milles.

Photos

Voir  ICI les photos.

C'est où ?

Date de dernière mise à jour : 13/05/2023