Îlots déserts aux Turks

Navigation vers Six Hills Cays

 En ce dimanche 1er mai, nous démarrons la manoeuvre pour lever l'ancre dès 6h45. Mais notre guindeau est de plus en plus moribond. Le moteur peine à monter la chaîne et chauffe. Le disjoncteur, agonisant lui aussi, disjoncte tous les 4-5 mètres de chaîne et peine à refroidir. Thierry finit par le shunter. Pour améliorer les choses l'interrupteur au pied rend l'âme lui aussi. Il nous faut beaucoup de patience et trois quarts d'heure pour enfin remonter les cinquante mètres de chaîne et l'ancre. Donc, départ à 7h30... cap au sud-est. Un petit vent sud-ouest de 7-8 noeuds inespéré nous pousse dans la bonne direction au largue : un vrai bonheur sur cette mer quasiment lisse. Thierry hisse même la grand-voile d'avant. Sur toute la surface de l'archipel, les fonds tournent entre 1,50m et 4m. C'est du sable blanc et la mer, à perte de vue, est bleue turquoise ! L'impression d'être dans une immense piscine, sans gamins qui sautent de partout. Nous voyons le fond tant l'eau est cristalline. C'est vraiment exceptionnel ! Des chenaux sont indiqués en pointillés sur la carte pour pouvoir y naviguer mais, avec nos 2,20m de tirant d'eau, il faut vérifier que nous pouvons les emprunter. Par endroits notre sondeur marque 30 cm sous notre quille ! Il faut vraiment faire confiance à la carte et garder un œil rivé sur le traceur et l'autre sur le sondeur. Thierry a même la chance de pêcher un beau barracuda d'un bon mètre : non seulement c'est sa première prise de la saison, mais c'est son record absolu. En milieu d'après-midi le vent tombe et nous poursuivons au moteur. A l'approche de notre île le bateau se met soudain à faire du slalom ! Bizarre... on n'est pourtant pas dans le Triangle des Bermudes... aucune explication du phénomène... peut-être le giro-compas qui fait des siennes ? Heureusement ça ne dure pas et nous jetons bientôt l'ancre devant cette île déserte vers 18h. Juste le temps d'aller nous baigner et de croiser une belle raie.
L'île est composée de six petits monticules rocheux couverts d'une maigre végétation qui surgissent des fonds de sable. Le mouillage est calme et abrité des vents et de la houle d'est.
An nord-est, l'île de South Caicos, toute plate, se détache de l'horizon avec des immeubles blancs. D'où nous sommes elle est inaccessible en bateau car les fonds ne dépassent guère un mètre cinquante. Il faut l'aborder par le nord.

Mouillage à Six Hills Cays

 Après une bonne nuit dans un calme absolu - excepté le ronron du ventilateur qui agace Thierry - nous profitons de ce petit paradis. Sans un souffle de vent, l'eau est limpide et le fond à quatre mètres paraît à portée de main. Tôt le matin Thierry part explorer les abords rocheux de l'île. Il repère une langouste qu'il juge trop petite. Un grand barracuda le suit de près et il tire dans sa direction une flèche qui le rate... mais vient en pleine tête de la petite langouste sortie faire sa curieuse : c'est un "dommage collatéral" que nous dégusterons le soir !
En cherchant un pot de "nutnut" dans le placard, je découvre la carcasse desséchée de notre gecko, notre passager clandestin qui le soir chassait les insectes attirés par le spot du cockpit. Est-ce parce que ce chasseur n'est plus là que nous avons maintenant plein de minuscules fourmis ?
Nous partons nous baigner ensemble avec la bouée en sécurité... et le fusil harpon. J'apprécie la bouée qui m'offre un support lorsqu'une contraction douloureuse commence à me tenailler la jambe; elle me permet de juguler la crampe puis d'y accrocher mes palmes, source de mes soucis. Belle baignade où nous croisons de belles raies toutes noires et une petite tortue. A peine remontée sur le bateau je vois un aileron à une centaine de mètres ! Il disparaît et réapparaît dans une ondulation qui fait heureusement plutôt penser à un dauphin.
Vers midi un catamaran américain vient troubler notre solitude. Une chance, il ne vient pas se coller à nous. Visiblement lui aussi a des problèmes de guindeau car il lâche son ancre à la main...
Notre régime de bananes commençant à moisir, le dessert du midi est imposé : bananes flambées. Notre dauphin a dû décider son pote à venir voir le bateau : deux ailerons font un petit tour du voilier puis s'en vont pendant que nous dégustons nos bananes, capote baissée pour profiter du paysage et d'un très léger souffle de vent. Pas belle la vie !? Si ce n'est pas ça le bonheur, ça y ressemble beaucoup. Partager  avec notre compagnon ou compagne de voyage les beautés exceptionnelles et protégées que nous offre la Nature.

 

Voir ICI  les photos de cette escale.

Navigation vers Big Sand Cays

 Ce mercredi 3 mai, nous levons l'ancre peu après sept heures. Le guindeau va-t-il fonctionner ? En le faisant travailler tout doucement avec des petites pauses il nous remonte la chaîne en un temps très raisonnable. Une fois contourné l'île  nous sortons de cette immense zone de haut fond que constitue l'archipel et nous retrouvons une mer bleue marine. Le vent de 12 noeuds est sud-est, soit une nouvelle fois en plein dans notre direction. Thierry opte pour un cap plus au nord au moteur en espérant pouvoir redescendre à la voile. Ce faisant nous nous rapprochons de South Caicos et je peux envoyer un sms aux enfants. Youenn a négocié une rupture conventionnelle la veille et nous sommes heureux et soulagés d'apprendre que la négociation s'est bien passée. Nous avons choisi de vivre cette vie de voyage mais nous voulons rester des parents présents, ce qui n'est pas toujours facile à concilier ! Lorsqu'on reprend le cap plus au sud, le vent a lui aussi changé de cap et demeure dans notre axe. Pas de chance  d'autant que les vents de sud-est ne sont pas fréquents ici... Nous devons faire toute la route au moteur. A quelques centaines de mètres de l'île les fonds passent soudainement de cent à dix mètres
L'eau redevient bleu turquoise.
Vers 15h nous jetons l'ancre devant une île de sable blanc. Ici tout est blanc et bleu : c'est paradisiaque ! Nous sommes accueillis par de nombreux pétrels et mouettes qui piaillent et tournoient autour du bateau. 

Escale à Big Sand Cays

 A peine ancrés nous allons nous rafraîchir dans cette belle eau bleue. Le fond est du sable blanc sans aucune trace de végétation : on se croirait dans une immense piscine aux eaux bleues. Cela nous évoque le film "Le grand bleu". La baignade est agréable mais il n'y a rien à voir. Thierry nage jusqu'à l'île et découvre la côte au vent jonchée de détritus ! En fin d'après-midi le ciel se couvre de nuages brumeux et le vent vire à l'est. Nous décidons de partir le lendemain midi si le vent reste à l'est.
Dans la nuit deux voiliers sont venus mouiller près de nous. Ils sont repartis dès le matin sans même piquer une tête dans cette extraordinaire piscine. Pourquoi sont-ils si pressés ? Perdus loin des villes ? Ou peut-être qu'eux se dépêchent de profiter du vent de sud-est pour aller à la Providence...
Au matin le vent est revenu sud-est, aussi nous décidons de rester là et de nous tenir prêts à partir dès que le vent d'est se lèvera.
Le ciel se couvre... mais pas au point de nous donner de la pluie pour remplir notre tank d'eau douce. Je prépare de quoi préparer des repas pour la route : pâtes, oeufs durs, poisson.
Dans l'après-midi le vent tombe totalement et une brume se forme, rendant les lieux encore plus étranges. Plus une ride à la surface de notre piscine bleue. Nous débarquons à la nage sur l'île pour une petite promenade. Nous mettons le téléphone dans un sac étanche pour rapporter de jolies photos de cet immense tas de sable blanc émergeant des eaux bleu turquoise. Nous tentons d'escalader la butte qui domine l'île mais la végétation faite de piquants nous oblige à redescendre sur la plage. Nous remarquons des traces de grosses tortues venues pondre... et les minuscules traces des bébés tortues s'élançant vers la mer. Au retour nous croisons deux grands barracudas... et Thierry retrouve ses instincts de chasseur tandis que je file vers le bateau. Il tire une flèche en pleine tête de l'animal qui parvient à s'en libérer et disparaît. Ce n'est pas nous qui le mangerons... Le soir le vent tourne à l'est. Espérons qu'il ne va pas encore virer sud dans la nuit. Nous espérons pouvoir quitter cette belle île au petit matin pour Samana. A Providence samedi dernier, nous avions enregistré la météo de Windy (astuce : faire défiler la météo sur la tablette et filmer avec le téléphone) et elle nous annonce 15 noeuds de vent d'est vendredi après-midi. Pour le moment leurs prévisions s'avèrent justes...

 

Voir ICI les photos de cet îlot. 

Photos

Voir  ICI les vidéos et photos de Six Hills Cays et LA celles de Big Sand cays.

 

 

C'est où ?

Date de dernière mise à jour : 13/05/2023