Remontée vers la côte nord

Cumayasa vers Bayahibe

Le 25 février nous quittons notre refuge dans la rivière de Cumayasa pour entamer notre remontée vers la côte nord. Thierry a averti les militaires par message et, sans réponse de leur part, nous quittons la rivière sans faire de despacho. 
Notre première escale est Bayahibe, non loin de là, juste quelques heures de navigation tranquille. Bayahibe est une station touristique où Thierry a repéré des clubs de plongée. Il espère y trouver un masque de plongée et un tuba.
Nous arrivons en début d'après-midi dans la baie. A cette heure la baie n'est pas encore encombrée par tous les bateaux qui emmènent les touristes sur l'île de Saona. Nous allons faire un tour dans cette petite ville et Thierry dégotte enfin un masque. Nous trouvons aussi des jeunes qui vendent des langoustes. Elles ne sont pas très grosses mais cela fait très longtemps qu'on espère en vain en trouver. Nous en achetons quatre pour en faire deux repas. 

 

Escale sur l'île de Saona

 Dès le lendemain matin nous levons l'ancre pour l'île de Saona à quinze milles de là. Le temps est très calme et nous pouvons même naviguer un moment sous voile en vent de travers. Nous sommes accompagnés par tous les bateaux de touristes... ça change de toutes ces navigations où nous ne voyons pas un seul bateau.
Nous mouillons devant une immense plage de sable bordée de cocotiers, à quelque distance des bateaux de touristes agglutinés à son extrémité. Il y a peu de fonds et nous nous ancrons loin du rivage. L'ancre n'accroche pas car c'est un fond de lave recouvert d'une fine couche de sable. En mettant 50 mètres de chaîne le bateau finit par se stabiliser. L'eau est transparente d'un beau bleu turquoise.
Le soir, les bateaux repartis, nous nous déplaçons vers le bout de la plage, espérant trouver de meilleures conditions d'ancrage. Mais là aussi la couche de sable est très fine. Nous voilà seuls sur l'ile.

Pendant qu'on étudie notre navigation du lendemain un voilier français vient mouiller non loin de nous. Nous allons les saluer et les invitons à bord. Surprise : c'est le couple qui, suite à notre post sur Facebook, est allé passer deux semaines à Crasqui et a sympathisé avec Edouardo et Emilio, les filles étant parties à Caracas ! La soirée avec Alain et Lydia (sur Kokopelli) est animée : on goutte tous les rhums arrangés du bord, patiente fabrication de Thierry.

Nous decidons de rester là le lendemain. La nuit est agitée. Le mouillage est très rouleur et l'annexe cogne contre la plage arrière. C'est bruyant et ça remue !

Le lendemain, à 8h nous débarquons sur la plage pour une balade sur l'île avant l'arrivée des touristes. Les plages successives sont superbes mais c'est un alignement de restaurants de plage avec transats. Malgré tout, en prenant garde à ne pas mettre de transat sur les photos, nous revenons avec une belle collection de cartes postales à faire rêver ! A cette heure matinale des gars s'activent à nettoyer la plage au râteau : tout est nickel pour le grand débarquement des touristes. L'île est couverte de cocotiers peuplés de corbeaux noirs qui poussent des cris très sonores.

Dans la journée une horde de bateaux envahit le mouillage. Des grands catamarans et des bateaux moteur qui arrivent chargés de touristes, la musique à fond et frôlent notre bateau. Baignade déconseillée sous peine de sa faire couper en rondelles. Heureusement à 16h ils sont tous repartis pour Bayahibe et le mouillage retrouve son calme.

Remontée de la côte Est

 La baie de Samana sur la côte nord est à 140 milles de là, ce qui nécessite au minimum une trentaine d'heures de navigation. La contrainte est d'arriver de jour dans la baie de Samana qui est plutôt "mal pavée" ! Il faut d'abord contourner l'île de Saona puis remonter toute la côte Est. Le vent étant généralement d'Est ou ENE, une bonne partie de la route s'effectue le vent dans le nez au moteur. La côte Est n'offre aucun abri, hormis un mouillage peu protegé à Boca de Yuma, soit à 35 mn du mouillage de Saona. Nous optons pour une halte à Yuma pour couper la route.

Nous partons le 28 février à 8h du matin. Le vent d'Est ne dépasse pas 10 noeuds et le contournement de l'île au moteur est interminable ! Nous passons enfin la pointe, qu'il faut prendre très au large, vers 13h.
Deux baleines passent à une cinquantaine de mètres de notre bateau !
Ensuite le cap nord permet de dérouler le génois mais le vent est trop faible et nous devons pousser au moteur. A 17h nous mouillons devant une plage à Boca de Yuma. C'est un bel endroit mais le mouillage est très rouleur.

Nouq repartons dès 7h. Avec un vent NE de 5 noeuds, c'est navigation au moteur vent dans le nez. Nous atteignons enfin le cap vers 9h. Avrc un courant contre nous, nous mettons presque une heure pour le passer en se traînant à 2,5 nœuds. Dans la baie suivante le vent NE ne permet toujourd pas de couper le moteur. On se traîne toujours et soudain on se retrouve sur un tapis roulant et on trace à près de 7 noeuds !
A 14h30, entrés dans l'Atlantique sur la côte nord, nous prenons le cap à l'ouest et là, nous pouvons enfin couper le moteur ! Nous filons à 4-5 noeuds en vent de travers, Thierry a même hissé la grand-voile avant qui n'avait pas servi depuis des lustres ! Du grand bonheur !! On va même trop vite et nous risquons d'arriver pendant la nuit... 

Arrivée dans la baie de Samana

 Vers minuit ce mercredi 1er mars nous arrivons en vue de la Baie de Samana. La baie est un embroglio de hauts fonds et de patates de corail. Orientée est-ouest elle offre peu d'abris du vent dominant et de la houle. Thierry a repéré une anse à proximité de l'entrée dont l'accès est facile de nuit. Nous avançons prudemment, les yeux rivés sur la carte et le sondeur qui nous confirme les profondeurs annoncées (quel bonheur d'avoir enfin un sondeur qui ne raconte pas n'importe quoi ! Sans lui l'approche serait plus stressante). La nuit est claire avec une demi lune qui malheureusement se cache derrière les nuages au moment de notre arrivée. La plage est immense et nous jetons l'ancre par quatre mètres de fond bien loin du rivage. Il est 2h15 et nous avons hâte d'aller dormir... une fois la certitude d'être bien accrochés ! 

C'est où ?

Date de dernière mise à jour : 20/03/2023

Commentaires

  • THEBAULT Michel
    • 1. THEBAULT Michel Le 22/03/2023
    Cela fait rêver, belle écriture pour ces récits de voyages ! ! !
    Il est vrai qu'il est possible de dépasser la carte postale, un film-documentaire se façonne par nos propres représentations.
    Michel THEBAULT