Remontée de la côte sud

Préparation du départ de Salinas

Notre objectif est de rejoindre la côte nord qui offre des mouillages paradisiaques. Faire le tour de la République Dominicaine n'est pas chose facile car le vent dominant vient d'Est et souffle généralement entre 15 et 20 noeuds dans la journée. La côte sud, dans sa partie ouest, n'offre aucun abri. Nous prévoyons de la remonter de nuit si aucune fenêtre météo ne se présente.
Le dimanche matin un petit voilier vient nous aborder : ce sont deux français qui habitent ici depuis 30 ans. Nous convenons de nous retrouver dans l'après-midi. Philippe et Richard nous invitent à prendre un verre à l'hôtel Salinas et nous déroulons ensemble la carte marine. Ils nous indiquent les points de mouillage et les endroits à éviter : un condensé de guide nautique en un temps record. Ils nous expliquent qu'ici il faut demander aux autorités maritimes un "despacho" pour aller et venir en mer. Chaque sortie est contrôlée !

Longues formalités !

 Thierry se rend en annexe au poste militaire dès 6h30. Les jeunes militaires présents mettent un temps fou à remplir le despacho qui ne comporte que quelques lignes. Thierry comprend que le gars ne sait pas lire et il l'aide à recopier les informations de nos passeports. Thierry voit l'heure tourner et s'énerve devant son incompétence. Le despacho enfin rempli il faut la signature du chef qui tarde à venir. Enfin en possession du despacho dûment tamponné Thierry s'apprête à partir mais les militaires lui demandent de les amener au bateau. Là, le plus jeune monte à bord, soulève le couvercle d'un coffre vide ( ah bon !? Il y a un coffre vide sur le bateau...), prend une photo et ressort. Pendant ce temps les autres militaires font des selfies sur le pont du bateau, probablement pour frimer auprès de leurs potes. Thierry les re-dépose à terre et nous pouvons enfin partir ! Il est déjà pas loin de 10 heures.

1ère journée de mer

 L'heure ayant tourné, au moment du départ le vent commence à se lever un peu. Une fois l'ancre relevée j'engage le moteur pour sortir de la baie... mais le bateau ne bouge pas !? Thierry, d'excellente humeur après sa visite aux militaires, rouspète devant mon incompétence... mais constate que je n'y suis pour rien. Il réancre le bateau et va vérifier le moteur : le pallier de roulement est déboulonné et l'arbre d'hélice est carrément sorti du moteur ! Thierry se transforme illico en mécano et, pile une heure plus tard, il a réaligné le moteur et l'arbre. Il reste un petit jeu qui ne lui semble pas grave.
Nous partons enfin vers 11h et sortons de la baie. L'arbre vibre un peu et Thierry s'apprête à surveiller qu'il reste dans sa position.
En contournant la pointe des salines le traceur recommence à s'éteindre par moments et le pilote se remet à biper avec l'indication "low battery" ! Pourtant Thierry a refait l'alimentation électrique... que se passe-t-il encore ? Thierry tripotte les contacts, vérifie les tensions et ça remarche, mais pas pour longtemps. Durant deux bonnes heures le problème revient périodiquement. Enfin, Thierry détecte une masse défectueuse et tout remarche correctement. Ouf !
Le vent est plus fort qu'annoncé par la météo et nous avons 15-17 noeuds en plein dans le nez avec une houle courte de un à deux mètres. A 2000 tours le moteur nous permet tout juste de faire un peu plus de trois noeuds... Les milles passent lentement le long de la côte et nous atteignons la baie de Saint-Domingue en fin d'après-midi. Le vent faiblit et nous changeons légèrement de cap,  prenant quelques degrés d'angle par rapport au vent. Nous pouvons hisser la trinquette en plus du moteur et nous parvenons à atteindre 5 noeuds. A la nuit nous longeons cette immense ville de trois millions d'habitants qui s'étale sur toute la baie. Naviguer dans la nuit le long d'une côte éclairée offre toujours un beau spectacle !
Un peu avant la nuit Thierry reçoit un appel du poste militaire de Cumayasa. Il comprend vaguement que le gars lui demande pourquoi nous ne sommes pas passés faire le despacho d'entrée au poste militaire de Cumayasa. Thierry essaie d'expliquer que nous sommes encore très loin de Cumayasa. Le gars rappelle à plusieurs reprises. Thierry lui explique alors par message wathsapp traduit en espagnol que nous allons faire halte dans la baie de St Domingue et n'arriverons que demain. Le gars cesse enfin de nous harceler !
Vers une heure du matin nous jetons l'ancre dans un léger renfoncement protégé des vents d'est... mais pas de la houle. Nous sommes au pied de l'aéroport. Nous finissons la nuit là avec un roulis important  mais, fatigués par cette journée vent dans le nez, nous trouvons vite le sommeil.

2e jour de mer vers Cumayasa

 Au matin nous levons l'ancre pour poursuivre notre route vers l'Est. Malheureusement la chaîne est coincée dans une patate de corail. Thierry installe la main de fer et le gros ressort entre la chaîne et un taquet pour protéger le guindeau. En tirant bien fort au moteur la chaîne se décoince, emportant certainement avec elle un bout du récif de corail. Désolés pour cette dégradation involontaire...
Nous visons le rio Cumayasa recommandé par Philippe et Richard. La matinée est d'un calme rare avec une toute petite brise et une très légère houle résiduelle sans clapot. Cela fait très longtemps que nous n'avons pas navigué par un temps aussi calme ! Nous avançons vite au moteur avec la trinquette en appui. En fin d'après-midi le vent se lève un peu et nous déroulons le génois, toujours en appui du moteur. A l'approche de l'entrée de la rivière le moteur se met à cafouiller. Nous sommes très près de la côte et le vent nous y porte... Vite, Thierry sort le bidon de gasoil pour remplir le tank journalier (la pompe d'alimentation à partir des tanks latéraux est en panne), mais il s'avère qu'il n'est pas à sec. Thierry s'apprête à mettre le nez dans le moteur... je pose la question qui sauve la situation : "de quel côté est l'alimentation gasoil du moteur ?". Eureka  : le génois fait giter le bateau du côté opposé et des bulles d'air passent dans le moteur ! Notre vieux Perkins s'en accommodait, mais pas notre nouveau moteur Volvo. Une fois le génois enroulé et le bateau remis à plat, le moteur n'a plus de ratés. Nous pouvons entamer l'approche sereinement. Il nous faut arriver bien en face de l'entrée de la rivière pour la repérer au milieu des rochers. Sans les indications de nos amis, nous ne nous serions jamais aventurés là. Un peu de houle nous chahute à l'entrée mais Thierry en a vu d'autres pour entrer dans le Douro au Portugal. La consigne est de rester sur la rive gauche et de remonter jusqu'au premier virage. La rivière est très belle mais de nombreux bateaux limitent les lieux de mouillage tranquille. Thierry poursuit après le virage en espérant trouver un coin plus agréable et moins fréquenté. Notre sondeur nous indique que les fonds sont suffisants. Passé le virage la rivière devient déserte et, au virage suivant, un vieux ponton en ciment nous tend les bras. L'accostage est facile. Le quai est plein de trous béants mais les taquets sont nickels. Quel calme après ces jours en mer bien venteux ! Nous sommes ravis de nous poser là, au milieu de la verdure et des oiseaux. La rivière nous rappelle "notre" cher Odet breton. La douche à l'eau douce est un vrai délice. Merci à Richard et Philippe de nous avoir recommandé ce bel endroit !
Afin de préserver de bonnes relations avec les autorités locales, Thierry écrit au militaire pour l'informer que nous sommes amarrés dans la rivière... et le remercier de s'être inquiété de nous...

Escale dans le rio Cumayasa

  Nous décidons de rester quelques jours ici pour nous reposer et faire les réparations au calme.
Le lendemain c'est journée farniente. Vers midi nous constatons que le bateau penche un peu... la marée est descendue de 40 cm et nous sommes posés dans la vase. Espérons qu'on pourra repartir de là sans difficultés.

Après une grande nuit de sommeil réparateur Thierry a les idées plus claires. Il s'avise qu'en s'écartant du quai nous devrions avoir plus de fonds. En jetant une ancre latéralement au bateau il nous écarte d'un mètre du ponton et là nous avons deux mètres d'eau sous la quille. Bon, nous n'allons pas passer nos journées ici inclinés de 15 degrés !

Nous rendons visite au poste militaire pour faire notre despacho d'arrivée. Nous y trouvons le gars avec qui nous avons échangé sur Watsapp et les formalités se passent cette fois sans difficultés et rapidement. 

C'est où ?

Date de dernière mise à jour : 19/03/2023