Escale à Luperon
Un belle petite ville
Une fois remis sur pieds après ce dernier périple fatigant, nous partons découvrir la ville. Du mouillage nous ne voyons que des petites montagnes boisées... et une antenne telecom sortant de la verdure. Au fond de la baie un ponton accueille quelques vieux bateaux qui cachent trois petits pontons tout neufs pour les annexes. Une route mène à la ville nichée dans la verdure autour de l'antenne. C'est une jolie ville très animée avec des maisons très colorées, plein de petites boutiques et des cyclos pétaradants comme partout. La ville est exceptionnellement propre et un vieux camion éboueur ramasse les poubelles. Assurément la ville la plus agréable que nous ayons vue.
Au centre du village le restaurent "D'la France" est tenu par Jeff, un français bien sûr, gros gaillard sympathique qui nous accueille avec gentillesse. Nous y déjeunons d'un excellent rôti de porc avec une sauce au poivre vert et de frites maison... le tout pour moins de 20 euros. La salle est pleine de francophones où se côtoient dans une ambiance chaleureuse français, belges et québécois.
Un trou à cyclone qui attire beaucoup de bateaux
Cette ria est le seul trou à cyclone de cette partie des Caraîbes. Bien que venteuse c'est protégé de la houle et l'accès à Luperon et ses commodités permet d'y faire une escale technique. Un petit chantier peut sortir les bateaux. Même hors saison cyclonique l'endroit est très fréquenté par les américains et les canadiens majoritaires ici. Nous y rencontrons aussi pas mal de français.
Les anglophones sont très nombreux, bien implantés et organisés. Trois bars-restaurents leur servent de quartiers généraux et ils organisent des bœufs musicaux et des karaokés. Un restaurent sympa avec piscine, un peu à l'écart du centre, accueille les marins de toutes langues les vendredis et dimanches.
En ville vous trouverez un bric à brac bien pourvu en pièces d'occasion de toutes sortes. Nous y dégottons un hublot pour notre future capote de cockpit. Un couturier peut réparer les voiles et coudre coussins et tauds. Il a des tissus et des mousses. Nous faisons appel à lui pour coudre de nouvelles housses pour le carré.
Deux français offrent leurs services : Marco pour tout type de travaux et surtout pour vous trouver du matériel qu'il vous fera livrer. Roberto, lui, est un bon mécanicien.
L'endroit est si accueillant que beaucoup de marins y posent leurs valises et sont de bons relais pour ceux de passage.
On profite des commodités locales
Marco nous aide à trouver du tissu pour changer nos housses de coussins du carré et la mousse de notre matelas. Il nous accompagne dans un grand magasin à Puerto Plata (30 km de Luperon) où nous achetons mousse et tissus pour un prix beaucoup plus avantageux qu'en France. Nous étions si contents de nos coussins bleus des mers du sud qu'il nous a été difficile de changer de coloris. Finalement nous avons opté pour un tissu corail. Le couturier de Luperon nous fait les coussins pour un prix raisonnable. Voilà notre carré relooké !
Thierry confie à Roberto l'alignement de l'arbre d'hélice et du moteur. Il nous rassure aussi sur la vibration importante au ralenti : un silent block défectueux, sans gravité. Nous serons maintenant plus sereins, même si le travail fait par Thierry était déjà plutôt bien fait.
Marco nous commande des barres d'inox à Saint-Domingue pour notre future capote de cockpit.
Visite des environs
Roberto nous met en relation avec un loueur privé de voitures et nous disposons d'une bonne voiture pour pas très cher. Nous passons deux jours à finaliser nos achats de mousse et tissus à Puerto Plata. Le troisième jour nous décidons de faire un circuit dans la montagne. Une fois encore ma légendaire poisse météo nous joue un sale tour. Alors que depuis deux mois nous n'avons pas vu une goutte de pluie, il pleut quasiment toute la journée et la montagne est dans les nuages ! Dommage parce que notre route révélait de beaux points de vue sur les montagnes et serpentait au milieu d'une belle végétation fleurie. Même dans la grisaille la balade était agréable.
Une escale riche de rencontres
Un grand catamaran mouille non loin du ponton et nous voyons débarquer une bande de jeunes adolescents accompagnés d'éducateurs. Nous leur servons de taxi à plusieurs reprises pour rejoindre leur bord. Des jeunes demandent à visiter notre bateau et c'est le départ d'un échange très riche avec eux. Bien sûr, ça rappelle son job passé à Thierry... Ils nous invitent à assister le dimanche de Pâques à la répétition de leur spectacle de cirque pour le groupe scolaire. Je suis surprise par ce grand établissement avec ses bâtiments très bien entretenus éparpillés dans un grand espace boisé. Ensuite nous allons à bord du catamaran pour le repas. C'est l'occasion d'échanger avec eux sur nos parcours respectifs. Sept jeunes vivent à bord - encadrés par cinq adultes - une année entière pour un grand périple les menant de Sète aux Caraïbes aller et retour. Navigation à l'ancienne et apprentissage de l'entretien du bateau. Je discute longuement avec un jeune de 15 ans qui semble vraiment mordu de cette vie là et projette de devenir skipper. Une vraie chance pour eux ! Cette journée est vraiment très riche pour nous.
Derniers jours à Luperon
Les jours passent et nous nous plaisons beaucoup à Luperon. Des coquillages colonisent la coque et il est temps de reprendre le voyage ! En attendant la livraison d'inox et la bonne fenêtre météo pour monter vers les Bahamas, nous sympathisons avec Caroline et Guillaume. Elle est québécoise et lui français. Elle nous invite à venir l'écouter chanter au bar anglophone. Bien qu'elle chante seulement depuis quelques mois, elle nous surprend par un répertoire de blues qui met en valeur de sacrées qualités vocales ! Thierry enrôle Guillaume pour une plongée en mer sur une épave, mais la houle est trop puissante et ils se contentent d'explorer un massif corallien assez décevant. La République Dominicaine n'est décidément pas un paradis pour les plongeurs.
Nous allons à quelques kilomètres de Luperon visiter le jardin de permacultute réalisé par Lucas. C'est un bel endroit dans les collines boisées et une grande sérénité se dégage de cet agréable jardin. Lucas est un français qui possède un chantier de bateaux de tourisme et vit ici depuis une vingtaine d'années.
Faux départ !
Nous nous préparons à partir le 19 avril en fin d'après-midi. Nous avons 150 milles à faire pour parvenir à Great Aguana aux Bahamas, soit un jour et demi de navigation. Un départ le soir nous permet d'arriver le surlendemain en matinée, voire dans l'après-midi si le trajet s'avère plus long. L'arrivée de jour est nécessaire dans ces contrées !
La veille nous affrontons les formalités de départ aux bureaux du port. Comme nous sommes restés plus de trente jours, nous devons payer une rallonge de 2500 pesos par personne (100€ pour nous deux). Le bureau voisin nous réclame 30 dollars US au titre des "frais de port"... c'est probablement illegal mais passons... J'ai un billet de 100$ et 25$ en monnaie : il prennent les 25$. Richard, le responsable de l'armada doit passer sur notre bateau juste avant notre départ et c'est lui qui donne le despacho de sortie.
Nous passons la journée du 19 à préparer le départ : rangement du bateau, courses pour approvisionner le bateau style transat car tout est horriblement cher aux Bahamas, plein d'eau minérale et du tank... Bref, une journée un peu fatigante ! Richard se fait attendre et arrive vers 17h30 avec deux collègues. Il nous prend encore en photo ! Ils doivent avoir un grand trombinoscope de tous les navigateurs. Nous voilà enfin en possession du sésame qui nous ouvrira les portes d'Aruba.
Vers 18h nous levons l'ancre. Bien qu'il n'y ait que dix noeuds de vent je n'arrive pas à avancer vers le point d'ancrage... même à plus de 2000 tours le bateau n'avance pas !? Le moteur tourne, l'hélice tourne mais le bateau avance à peine. Thierry pense que l'hélice doit être tapissée de coquillages. Bon, nous remettons notre départ au lendemain soir ! Ça nous laisse une journée de repos... enfin pour moi, car Thierry sera de corvée de grattage d'hélice et de coque !
C'est où ?
Date de dernière mise à jour : 20/04/2023
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