Farniente à La Blanquilla

 Nous passons 9 jours à Blanquilla et enchaînons trois mouillages successifs.
Au programme : farniente et baignade. Nous y rencontrons des pêcheurs et des coastgards très sympathiques. Le temps passe vite loin du monde ! Repos du corps et de l'esprit. Nous savourons le bonheur d'être sur cette île inhabitée dans des mouillages superbes aux sables blancs et eaux turquoises en compagnie des pélicans et des mouettes.

Je vous livre notre journal car ce bonheur se savoure au quotidien. 

21 avril

 A peine 10h, Thierry gratte l'annexe à poil sur le pont. Il installe deux lignes de pêche. Une barque de pêcheurs approche avec sept gars à bord. Ils nous proposent du poisson. On leur donne sept cannettes en échange de trois énormes poissons. Ils veulent nous en donner un 4e mais ça fait trop pour nous. Ils repartent tout contents et posent pour la photo. Ils nous disent rester quelques jours ici et venir du continent.
Thierry installe un atelier poisson sur le pont. Les têtes iront dans le casier...
Thierry jette les restes par dessus bord et un dieudon mord à l'hameçon tandis qu'il coupe les filets. On le remet à l'eau bien sûr ! Désolés pour la blessure... on rentre les lignes puisque la pêche est superflue.
Dans la matinée les deux autres barques sont passées nous saluer. Sept hommes à bord dans chaque, tous très souriants !
La matinée se passe à préparer le poisson. Une partie est débitée en lamelles mises à mariner dans le jus de citron. Je mets deux filets dans le freezer. Thierry va poser le casier au bord de la roche en espérant attraper une langouste ! Je débite aussi l'ananas qui est mûr à point... et il est déjà midi ! Thierry partage un litre de rhum dans des petites bouteilles en prévision d'achats ultérieurs. Vive le troc ! Avec tout ça je n'ai pas encore piqué une tête.
Grosse sieste pour récupérer de la fatigue des deux nuits en mer.
Première baignade : beaucoup de poissons mais peu de coraux.
Nous allons découvrir la plage et la maison en ruine qui domine l'anse : sans chaussures on se met plein de piquants dans les pieds. Nous repérons quelques crottes d'animaux.
Le sable est très blanc et très fin.
Nous ramassons un peu de bois mort pour faire griller notre future langouste... 

Vidéo atelier poisson (à regarder avec Vimeo)

 

22 avril

 Réveil en fanfare : la sonnerie de surveillance du mouillage retentit ! Fausse alerte, le vent a juste légèrement tourné. Mais impossible d'éteindre la sonnerie de la tablette... normal c'est l'application du téléphone qui a déclenché l'alerte !

 Thierry va relever son casier. Il ne reste plus que des arrêtes... mais pas de langouste. Les pêcheurs non plus n'ont pas de langouste, le coin ne doit pas être bon.
Le ciel est nuageux et une petite houle rentre dans notre anse : pas très confortable aujourd'hui.
Journée repos; pas de baignade pour moi, j'attends le soleil !
Les pêcheurs repassent nous proposer du poisson mais notre frigo est plein.
Dans l'après-midi un nouveau bateau nous aborde avec deux pêcheurs à bord. Thierry leur offre un verre de rhum et ils veulent absolument nous donner un beau poisson rouge. De plus ils nous donnent deux bocaux de poulpe au vinaigre. Thierry leur donne un dollar us et ils repartent contents !
Ce séjour sur Blanquilla va être synonyme de cure de poisson tout frais péché. Même pas besoin de poser des lignes.

23 avril

Baignade le matin : on passe sous l'arche et on revient au bateau par la mer :  plein de gros poissons, des gorgones, des pierres violettes et quelques coraux jaunes.
Dans la matinée les pêcheurs nous apportent un thon. Thierry leur donne une fiole de rhum puis le bermuda trop grand pour lui acheté sans essayage avant le départ.
L'après-midi on s'aventure à terre. On rejoint la plage à la nage, nos affaires dans un sac étanche... qui ne l'est plus vraiment ! J'ai de la chance mes affaires sont sèches, mais celles de Thierry sont bien mouillees. On n'a pas osé emporter le téléphone, tant pis pour les photos de Lambarena au milieu de cette anse. On s'aventure dans la garrigue sèche pleine de cactus et on finit par trouver un sentier probablement tracé par des chèvres qui laissent des paquets de crottes ça et là.  De retour à la plage les pêcheurs sont là et nous ramènent au bateau. Vraiment sympas ces pêcheurs !! Ceux-là plongent en apnée et chassent au fusil harpon. Pas de langouste dans leur cale : ce n'est pas encore sur cette île qu'on se fera une ventrée de langoustes !

En soirée la houle forcit, bien que le vent reste à huit noeuds. Thierry dort comme un bébé mais impossible pour moi de fermer l'oeil, ça remue beaucoup trop. Ma hanche droite est douloureuse à force de maintenir mon corps en équilibre. 

24 avril : changement de mouillage

 La houle s'est un peu calmée et je dors jusque 9h passées tandis que Thierry bricole sur le bateau. Il fait toutes ces petites choses qu'il remet toujours à des lendemains plus tranquilles.
On décide de changer de mouillage en espérant trouver un bel endroit moins agité. On profite de cette mini balade au moteur pour faire de l'eau avec le dessalinisateur car ici il ne pleut pas beaucoup visiblement !
Nous allons vers une large baie bordée de plages à deux milles au sud de notre mouillage actuel. Miracle : pas une vague... et l'endroit est très beau !
Une fois certains d'être bien ancrés nous partons explorer les fonds à proximité. Une avancée rocheuse offre de beaux coraux et pleins de poissons. 
A l'arrivée ici le dessalinisateur a cessé de fonctionner et, après sa sieste, Thierry le démonte et bidouille l'alimentation électrique. Nouvel essai : ça fonctionne mais les câbles chauffent anormalement. Suite au prochain numéro...
Avec tout ça on n'a même pas eu le temps d'aller se baigner ! Heureusement que j'ai fait un stock de mots croisés avant le départ.
Les pêcheurs sont là mais cette fois ils ne passent pas nous voir.

25 avril

Le nouveau mouillage s'avère vraiment calme. Cela fait des semaines que le bateau roule sans cesse et ça fait du bien de ne plus bouger !
Journée sans soleil... mais sans pluie pour recharger nos réserves d'eau.
Thierry se bat sans succès toute la matinée avec le dessalinisateur. La pompe haute pression semble morte. Il va falloir faire très attention à nos réserves d'eau douce. 200 litres c'est très peu même si j'utilise l'eau de mer pour la vaisselle. On a emporté pas mal d'eau en bouteille mais ici on en boit minimum trois par jour. C'est donc l'eau qui dictera la date du départ !
Nos amis pêcheurs sont passés près du bateau, mais se sont contentés de nous saluer sans s'arrêter.
Dans l'après-midi on confectionne un pare-soleil avec le tissu "passoire" récupéré à la poubelle de Ste-Anne. J'ai déjà réalisé quatre sacs avec et il en reste pour d'autres usages ultérieurs.  C'est la théorie du " ruissellement", les riches faisant profiter les pauvres de leur fortune

Pare-soleil

26 avril : contrôle des militaires

 De bonne heure ce matin Thierry s'attaque à la pompe d'eau de mer de l'évier. Comme le débit d'eau faiblissait Thierry a changé la pompe le mois dernier mais ça n'apporte aucune amélioration. Thierry a plongé pour dégager l'arrivée d'eau encombrée de coquillages mais cela ne change rien non plus. Donc ce matin Thierry essaye de comprendre pourquoi ça ne fonctionne pas correctement.
Tandis qu'il se bat avec la pompe un "barco" de coastguards avec mitraillettes et pistolets nous accoste. Des jeunes avec un chef qui parle un peu anglais. Il contrôle nos papiers et Thierry lui montre notre trajet sur le traceur de barre. Très sympa le gars, souriant. On bavarde un peu et on leur offre du thé et du café. Nous apprenons que les bêtes qui font des crottes sur l'île sont des ânes. Thierry leur offre une bouteille de vin rouge et le chef lit consciencieusement l'étiquette. Il nous explique que leur travail est de porter assistance. Leur base est plus au sud et il nous propose de nous donner de l'eau ! Nous irons demain mouiller là-bas. Le chef nous demande si on peut leur donner une amarre car la leur est en piteux état. D'ailleurs eux aussi sont visiblement mal équipés : pas de lacets aux rangers, des pantalons décousus et des tee-shirts troués. Mais l'accueil est vraiment agréable !
Le temps d'écrire ces quelques lignes et le miracle se produit : la pompe fonctionne ! Thierry a réussi à déboucher l'arrivée d'eau : un coquillage au niveau de la vanne. Je vais enfin cesser de me battre avec cette foutue pompe pour faire la vaisselle.
Le temps est gris encore ce matin. Nous mettons l'annexe à l'eau pour partir en balade à terre. Nous testons les rames mais c'est impossible d'avancer contre le vent. Nous mettons le moteur qui démarre sans se faire prier. La marche le long de la plage s'avère difficile car elle est entrecoupée de rochers et c'est impossible de passer dans la pampa sans chemin. Nous jetons l'éponge assez vite. Nous finissons par un tour en annexe, bien moins fatigant !
Lors de notre promenade à terre j'ai un sentiment d'insécurité sur cette île déserte où la moindre erreur peut nous mettre en grande difficulté. Par contre, une fois revenue au bateau, je retrouve un sentiment de sécurité dans mon cocon. Ne cherchez pas de rationalité dans le sentiment d'insécurité ! Ce ne sont pas forcément les endroits les plus dangereux qui génèrent ce sentiment...
Après la sieste, le ciel est enfin dégagé et nous allons voir les poissons, côté babord cette fois. Ça pullule et nous réalisons que le garde-manger des pélicans et mouettes aux aguets sur les rochers est vraiment bien garni.
Petits plaisirs en rentrant : je m'offre une bonne douche avec rinçage à l'eau douce et séchage au soleil sur le pont. Pendant ce temps Thierry nous prépare des bananes en papillottes au lait de coco et au rhum. Pas belle la vie dans notre petit paradis loin des routes fréquentées !?

27 avril : visite aux militaires et changement de mouillage

Dans la matinée on lève l'ancre pour une grande balade de deux milles vers la base militaire à South Bay.
Thierry a sorti le dico français- espagnol pour préparer notre visite. Il a prévu trois amarres et quelques mètres de chaine galva, plus quatre canettes de bière ( impossible de trouver des canettes avant notre départ de sorte que nous sommes un peu à court).
Les militaires nous accueillent avec le sourire et nous pénétrons dans leur base. Toujours très sympas. Le chef nous reçoit en caleçon à fleurs... On utilise un traducteur vocal pour échanger. Nous apprenons (mais ce n'est malheureusement pas une surprise) que Macron est réélu ! Pauvre France...
Les gars nous proposent d'envoyer de leur téléphone un message vocal sur Wathsapp à Marion. Cool ! Ils nous offrent un bon café. Ils nous disent être six à vivre ici mais nous n'en voyons que quatre. Ils restent là 30 jours et rentrent chez eux 30 jours. Ils ont une base agréable avec une infirmerie, un mess, une petite église. Ils ont apporté trois chèvres, des chiens, des poules. Je remarque des rapaces avec un bec très corchu : ce sont des caricari, une espèce endémique. Après avoir bavardé une bonne demi heure, nous repartons avec deux bidons et quatre bouteilles de 5l... mais l'eau soi-disant potable nous paraît bien verte... Nous sommes heureux de cette rencontre; ah, si les douaniers français étaient aussi avenants !...


Nous allons mouiller dans l'anse plus au nord à Playa Caranton. La carte indique une zone de mouillage avec 3-4 mètres de fond. Alors que nous approchons doucement de la plage dans la zone bleu des mers du sud indiquant des fonds de sable peu profonds, nous heurtons une patate de corail, heureusement à faible vitesse. Marche arrière toute pour nous dégager. Nous jetons l'ancre et Thierry plonge pour inspecter les dégâts : le gelcoat de la quille est abîmé mais rien de grave. On surveille que l'eau ne s'infiltre pas. Thierry sort de l'eau en se grattant car il y a du plancton urtican. Pas de baignade aujourd'hui. De toutes façons il fait très gris encore aujourd'hui. 

Vidéo tour d'horizon du 3e mouillage  (à voir sur vimeo).

28 avril

Le soleil est enfin de retour et nous partons explorer les fonds. Nous repérons la patate de corail heurtée hier et constatons qu'on est très loin des 5 mètres annoncés sur la carte ! On se demande comment on a réussi à venir jusque là sans rester plantés dans le sable. Sans sondeur et avec des cartes imprécises, toute approche s'avère délicate surtout sans soleil pour voir le fond. Il faudra faire avec car notre sondeur refuse obstinément de fonctionner. L'anse est peu profonde et parsemée de massifs de corail accueillant une multitude de poissons et de belles gorgones. On se régale jusqu'au moment où un ban de méduses ou autre bête urticante nous cerne. On met le turbo pour rentrer au bateau car ça pique de partout. Heureusement qu'on met toujours les tee-shirts de bain. Ça continue à piquer un bon moment. Pas sûr qu'on s'aventure de nouveau à l'eau...
Thierry installe le spi en prévision de notre navigation vers Los Roques qui devrait se faire vent arrière. Pour ma part je confectionne une housse pour protéger la bouteille de plongée qui reste sur le pont.

29 avril

C'est notre dernier jour à Blanquilla. Les coastguards nous ont autorisé à rester seulement 2 ou 3 jours supplémentaires, peu désireux de faire des paperasses.
Baignade ce matin en tenue de combat pour me protéger des méduses... mais pas de bêtes piquantes dans notre belle piscine. Thierry va se baigner en combi et bouteilles pour faire un film des fonds mais la caméra buggue.

 

retour au bateau nous entreprenons de déplacer l'ancre trop proche des patates de coraux que nous avons heurtées à l'arrivée.  Thierry plonge avec le parachute et déplace l'ancre vers le large. Je reste à la barre, moteur en marche, pour assurer la manoeuvre. Demain matin nous pourrons lever l'ancre sans nous approcher des cailloux.
Thierry décide de monter l'annexe sur le pont arrière pour la navigation vers Los Roques. La manoeuvre est délicate car pas encore rodée.
Thierry a également installé le spi dans sa chaussette... on espère avoir un vent arrière pas trop fort pour pouvoir enfin hisser le spi.
Dans la journée, à deux reprises, l'alarme du baromètre se met à sonner, nous signalant une baisse importante et rapide de pression. C'est souvent le signe d'un coup de vent mais rien d'anormal ne se produit et le baromètre remonte.

Tenue anti-méduse

C'est où ?

Date de dernière mise à jour : 09/06/2022