Traversée Porto - Lanzarote

11 jours de mer

Nous sommes partis de Porto le 8 novembre à 10H. La journée est superbe : grand soleil, quasiment pas de vent et petite houle. La météo nous annonce une semaine calme avec des vents de 5 à 15 noeuds de secteur Nord ou Nord-Est, de quoi nous porter doucement vers Lanzarote.

Durant cette première semaine peu ventée la vie à bord s'organise tranquillement. Thierry étant de veille permanante il assure seulement le quart de 1h à 5h, tranche horaire où habituellement il ne dort pas. Le reste du temps il essaye de se reposer au maximum pour être opérationnel en cas de besoin. Il intervient pour les réglages et changements de voiles et en cas de problème. Je prends ensuite le quart de 5H à 9H. Youenn se lève et assure la matinée. Je prépare un repas en milieu de journée : comme la mer est calme nous pouvons manger sur la table du cockpit. J'assure ensuite la navigation jusque 21H avec une petite pause d'une heure pendant laquelle Thierry prend le relai. A 21H c'est Youenn qui prend le quart jusque 1H du matin. Chacun peut ainsi être de quart aux horaires qui lui sont le plus confortable. Quand l'un de nous a un coup de fatigue le suivant prend le relai un peu plus tôt : le planning s'installe en bonne intelligence. En dehors du repas cuisiné chacun mange des sandwichs ou grignotte selon ses quarts.

Dans la journée j'essaye d'initier Youenn à la philo... mais ça le branche moins que le réglage des voiles !

On dit souvent que la promiscuité est difficile à vivre en bateau... mais pour cette fois j'ai passé de longues heures seule dans le cockpit, les deux gars dans leur cabine à dormir ou regarder des vidéos. Ces heures calmes permettent de lire ou de se perdre dans ses pensées. Le temps s'arrête, les journées passent, rytmées par la veille ou le repos et les changements d'allure. En dehors des routes commerciales nous ne voyons quasiment aucun bateau. A plusieurs reprises des dauphins sont venus nager et sauter près du bateau : c'est toujours un moment de grande joie. Thierry laisse toujours filer des lignes de traîne mais nous n'avons pêché qu'un thon (délicieux)... et perdu 2 lignes : pas rentable !

Les nuits étaient bien sombres. Notre amie la lune, ayant honoré son rendez-vous avec le soleil, était partie se coucher, abandonnant le ciel aux étoiles. Le plancton phosphorescent allumait quelques étincelles dans le sillage du bateau. Une nuit, des dauphins nageant à proximité faisaient une traînée de poudre lumineuse. C'est toujours avec soulagement que j'accueille les premières lueurs du jour puis le lever de soleil : une nouvelle journée commence.

Notre irridium tombe encore en panne dès le 2ème jour : nous n'aurons pas de météo pour la fin du voyage. Nous surveillons le baromètre qui descend doucement de jour en jour. Le samedi avant le jour, nous manquons entrer en collision avec un voilier : Thierry manoeuvre pour l'éviter car il ne nous a pas vu.  Nous les appelons à la VHF et en profitons pour leur demander la météo : ils nous annoncent 15-20 noeuds de vent en début de semaine. Lundi le vent forcit et la mer se forme avec des creux de 2 mètres. Le bateau surfe sur les vagues mais nous parvenons maintenant à équilibrer la voilure de telle sorte que le bateau garde son cap. Au petit matin du mardi la mer prend une couleur rouge sombre surprenante : je n'en avais jamais vu de pareille ! Nous sommes bien secoués et nous disons adieu à nos repas à table. Prépaper un repas devient carrément sportif ! 

Mercredi 18 novembre, notre dernier jour en mer, le vent et la mer se calment un peu mais la visibilité est mauvaise. A 5 milles de la côte nous ne la voyons toujours pas. Soudain les montagnes se dessinent devant nous : ça y est, nous voilà aux Canaries ! Le soleil se couche sur les montagnes tandis qu'un ban de dauphins nous accompagne. Notre arrivée sur Lanzarote est magique. La nuit tombe et nous faisons notre entrée sans difficultés dans la marina d'Arecife. OUF, nous y voilà ! 

Nous avons mis 10,5 jours pour faire 865 milles, soit seulement 30 milles de plus qu'en ligne droite. Portés par des vents de secteur Nord ou Est nous avons le plus souvant navigué au grand largue, allure confortable et rapide. Nous avons pu tester notre spi par une journée calme. Nous n'avons même pas hissé la grand voile centrale : il faudra une prochaine fois expérimenter la navigation avec toutes les voiles... Pour le moment nous parvenons à équilibrer le bateau en jouant sur la GV arrière. Par contre l'éolienne installée à Porto ne donne pas de courant et nous devons chaque jour mettre le moteur plusieurs heures pour recharger nos batteries, ce qui est tout de même dommage lorsque le vent est suffisant .

C'est notre permière grande traversée et nous sommes heureux d'avoir passé ce cap sans difficulté. Nous nous sentons prêts maintenant pour des aventures plus lointaines... plus tard...

 

la traversée en images

Date de dernière mise à jour : 06/04/2016

Commentaires

  • CAROLE
    • 1. CAROLE Le 27/11/2015
    Bonjour les voyageurs.
    Tu t'es mise à conduire le bâteau. C'est bien. Tu vois bien que tu y arrives. Je vous souhaite de bonnes traversées.
  • BRUNO MALLERET
    • 2. BRUNO MALLERET Le 21/11/2015
    Bravo pour cette traversée,tu vas pourvoir améliorer tes cours de philo aux Canaries pour en faire profiter ton élève passionné...
    Bonne suite à tous les trois