Cap vers Grenade

Récit (presque) sans image

Mon ordinateur a rendu l'âme et il emporte avec lui les photos prises depuis notre départ de Ste Anne jusqu'à notre retour à Carriacou. Il ne reste que quelques rares rescapées sur le téléphone. A notre retour en France nous espérons pouvoir récupérer les données et mettre en ligne les photos... 

Objectif : trouver un chantier pour hiverner le bateau

« Hiverner » est en l’occurrence un terme incongru pour dire « laisser le bateau tout l’été » ! Pour notre retour en France nous devons mettre le bateau à sec dans un chantier, de préférence à Grenade, l’île la plus au Sud des Antilles et la moins touchée par les cyclones qui sévissent aux Antilles entre juin et octobre. Radio ponton nous a vanté les mérites des chantiers de Carriacou et St Davids. Nous décidons donc de partir pour Grenade sans tarder afin de réserver notre place.

On quitte enfin Ste Anne

Après quelques jours au mouillage et lassés d’être secoués par des vents à 25-30 nœuds, nous décidons de partir malgré le BMS annoncé à la radio : un BMS est un Bulletin Météo Spécial qui annonce un vent de force 6 à 7. Autrefois (c’est-à-dire à nos débuts pourtant pas si lointains) nous restions sagement à l’abri en cas de BMS, mais après ce que nous avons vécu durant la transat, ces conditions ne nous retiennent plus.

Surchauffe sur le 16

En quittant le mouillage, le CROSS, qui pilote les opérations de sauvetage en mer, annonce sur le canal 16 de la radio que le catamaran Corto a démâté et demande assistance. Personne ne répondant, nous nous proposons de faire un détour en direction de l’Ouest pour le rejoindre. Dix minutes après la radio signale la disparition de deux plongeurs au rocher du Diamant. Les recherches s’organisent et nous suivons l’affaire, persuadés que les pauvres sont probablement morts. Le vent souffle fort et une grosse houle rend les recherches difficiles. Nous progressons difficilement en direction de Corto. Une heure après les plongeurs sont retrouvés sains et saufs : ils ont eu vraiment de la chance ! Peu après le CROSS nous appelle pour nous dire que Corto a pu se débarrasser de son mât et fait route vers le Marin : nous pouvons reprendre notre route vers le Sud. Le passage du canal entre la Martinique et Ste Lucie est difficile. La météo locale enregistrera des vagues de 6,20 mètres ! De violents grains nous assaillent avec des vents de plus de 35 nœuds et une pluie battante : vive la navigation sous les tropiques ! Heureusement que nous en avons vu d’autres… L’approche de Ste Lucie nous récompense de cette journée un peu fatigante : les eaux sont d’un éblouissant vert jade contrastant avec le blanc de l’écume des vagues. Une fois à l’abri de l’île les conditions s’améliorent et nous allons mouiller dans Rodney Bay, la première grande anse bien abritée.

Ste Lucie

Ste Lucie est une belle île montagneuse et couverte d’une végétation luxuriante : forêt tropicale et cocotiers au bord des plages de sable blanc. Quelques petites villes se nichent dans les creux le long de la côte. Les maisons sont très colorées et leurs toits de tôle sont rouges, verts ou bleus. Après Rodney Bay nous descendons le long de la côte Ouest jusque la Soufrière. A l’abri du vent, la côte offre enfin des conditions de navigation très agréables !

Juste après, un immense piton rocheux abrite une petite baie où se niche un hôtel de luxe. Les bungalow sont disséminés dans les cocotiers et le restaurant borde une splendide plage de sable de corail blanc.

A l’approche du site classé « réserve marine » des locaux en bateaux à moteur nous abordent pour nous proposer leur aide pour prendre une bouée. Le gars nous amarre et nous réclame dix dollars « ici » (comprenez 10 dollars caribéens) pour la bouée et le coup de main. Comme nous n’avons pas de monnaie locale il accepte 10 euros : taux de change qui s’avère vraiment abusif car il faut en gros diviser par 3 ! Une heure après les gardes de la réserve viennent nous réclamer 10 dollars pour la bouée. Thierry les envoie balader en arguant qu’il a déjà payé à un local. Le garde n’insiste pas. Nous sommes heureux de nous trouver dans cet endroit paradisiaque et surtout bien abrité du vent : cela faisait longtemps que nous n’avions pas été aussi au calme ! Nous plongeons illico et découvrons des fonds magnifiques avec une belle végétation et plein de poissons multicolores. Nous décidons de rester là le lendemain pour profiter de cet endroit vraiment enchanteur. Le lendemain le garde de la réserve vient nous taxer 10 euros pour la journée. Il est urgent d’avoir de la monnaie locale !

Nous reprenons notre cap au Sud et passons le canal suivant entre Ste Lucie et St Vincent. Le vent s’est enfin calmé et les conditions de passage sont plutôt correctes, juste un peu de houle et 20 nœuds de vent : un vrai bonheur ! A l’approche de St Vincent quelques dauphins s’approchent du bateau. Cela fait une éternité que nous n’en avons pas vu et cette rencontre nous met en joie.

St Vincent

Nous pensions éviter St Vincent qui a la réputation d’être dangereuse. Toutefois, comme nous sommes sceptiques sur les bruits de ponton, nous décidons d’y faire halte malgré tout. Nous choisissons une baie au mouillage répertorié dans les guides pour ne pas nous y retrouver seuls. A notre approche un local nous propose son aide pour aller amarrer l’arrière du bateau à terre : c’est une fois encore 10 euros ! Nous payons la « taxe locale «  et espérons ainsi être tranquilles pour la nuit. De fait les bateaux au mouillage ne semblent pas en danger ici. Nous allons nous promener sur la plage où des « lolos » (petites baraques faisant office de bar ou de restaurant) semblent bien paisibles. Les gens que nous croisons sont souriants. L’escale est agréable et nous repartons le lendemain matin. Un gars du coin nous taxe encore 10 euros pour nous détacher… c’est cher pour un service dont on peut se passer, mais il faut bien que les gens d’ici vivent !

St Vincent ressemble beaucoup à Ste Lucie avec ses montagnes boisées et ses petites villes colorées.

Mouillage sauvage à Bequia

Notre halte suivante est sur la petite île de Béquia. Une grande baie offre un mouillage bien abrité mais trop fréquenté pour nous. Thierry repère sur la carte une petite crique au Nord-Ouest. Nous y jetons l’ancre au pied de falaises et aucun bateau ne vient troubler notre quiétude. Les fonds ne sont pas formidables mais cette crique déserte est tout de même bien agréable après tous ces mouillages surpeuplés.

Le lendemain nous faisons les quelques milles qui nous séparent de Carriacou.

C'est où ?

Carte 1

Fil conducteur

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Date de dernière mise à jour : 27/03/2018