Patrice nous amène la tempête
Carnaval à Santa Cruz
Nous prévoyions une semaine de navigation autour de Tenerife pour accueillir Patrice et lui faire profiter des joies des mouillages sauvages avec baignade et farniente au soleil… mais la semaine ne va pas se passer du tout comme prévu !
D’abord Patrice a du retard car ce samedi (le 13 février) la tempête empêche les avions d’atterrir à Nantes. Il arrive tout de même à Santa Cruz vers 21 heures et ce n’est que le début de la fiesta de clôture du carnaval. Ses compagnons de voyage dans le bus qui l’amène de l’aéroport sont quasiment tous déguisés et le voilà donc immergé sans tarder dans le délire local !
Après avoir avalé une « papas » (grosse pomme de terre qui fait office de sandwich dans lequel on met des crudités, du jambon, etc.) et déposé son sac au bateau, nous voilà partis faire le tour de la ville en folie. Des milliers de personnes costumées dansent ou déambulent dans les rues. L’alcool coule à flot mais tout cela reste très bon enfant, sans agressivité aucune. Un seul objectif : s’amuser. La foule est si dense qu’il est parfois impossible de circuler. La fiesta se poursuivra – sans nous – jusque 6 heures tapantes, heure d’extinction de la musique. Les équipes de nettoyage prennent immédiatement le relai et il n’y aura bientôt plus trace de ces débordements : les montagnes de bouteilles, canettes, emballages sont balayées et les rues désinfectées de leurs relents d’urine. Bravo pour l’organisation sans faille de ce carnaval hors normes !
Mouillage mouvementé dans les rafales de vent
Dimanche le temps se gâte un peu mais nous partons tout de même vers la pointe nord de Tenerife et nous mouillons dans la baie d’Antequara. C’est une première pour Patrice et nous sommes heureux de constater qu’il n’a pas le mal de mer : nous allons pouvoir faire notre tour de l’île. A peine ancrés, de gros nuages nous amènent une grosse pluie… surprise… on n’en a pas vu depuis des mois ! Nous abandonnons l’idée de la baignade et devons même dîner à l’intérieur. Le vent se lève et un effet venturi provoque de grosses rafales à plus de 35 nœuds dans notre baie, par ailleurs bien abritée de la houle. Nous voulons déplacer le bateau pour ne plus être dans le couloir de vent mais le guindeau (le moteur qui remonte l’ancre) refuse de fonctionner ! Prudents, nous jetons une deuxième ancre sur l’avant. Thierry tente en vain de réparer le guideau.
La nuit est agitée et nous dérapons un peu vers les rochers. Thierry veille. Je dors d’un œil, mais le bruit du vent est impressionnant. Patrice ne semble pas trop inquiet mais se lève tout de même plusieurs fois dans la nuit pour voir si nous ne frôlons pas les rochers de trop près.
Au matin les rafales atteignent 45 nœuds (plus de 80 km/h) et le bateau se couche sous la force du vent. Le bateau dérape lentement mais sûrement en direction des cailloux… Patrice nous dit que c’est bon, pour le bizutage… C’est impressionnant mais pas de panique, il suffira de mettre le moteur si on s’approche trop près. La baie est sableuse quasiment jusqu’aux bords et on a 4 mètres de fond donc ce n’est pas dangereux … juste très stressant !
La « main de fer » qui limite les efforts sur le guideau a disparu dans l’eau, le bout (un gros) cisaillé. La perche IOR fabriquée par Thierry est pliée, la canne à pêche utilisée n’a pas résisté. La bouée jaune de secours s’est envolée et a traversé le bateau, heureusement retenue par le filet de pont.
Nous avalons vite fait notre petit déjeuner et Thierry réquisitionne Patrice pour l’aider à remonter les deux ancres et leurs 100 mètres de chaîne. L’opération est difficile avec ces rafales et chaque mètre gagné est reperdu si Patrice ne parvient pas à amarrer la chaîne sur le taquet le temps que Thierry parvient à la maintenir… attention aux doigts ! A la barre, moteur à fond, je maintiens le bateau en position pour soulager leurs efforts et éviter d’aller s’échouer sur les rochers si proches. Thierry perd la gaffe en tentant de ramener la bouée de l’orin. Après trois quarts d’heure d’efforts, les ancres sont sur le pont et nous pouvons mettre le cap hors de la baie. Ouf ! Dehors le vent est plus calme, seulement 15 à 20 nœuds. Nous regagnons la marina de Santa Cruz pour réparer le guideau.
Voir la vidéo prise au matin.
Visite de Tenerife en voiture
Pas de chance, la météo nous annonce une semaine très venteuse. Nous abandonnons l’idée d’aller faire le tour de Tenerife en bateau et décidons de rester à l’abri à Santa Cruz. La découverte de l’île se poursuivra en voiture avec des randonnées en montagne.
La laguna
Mardi, tandis que Thierry s’affaire à remettre en marche le guindeau, Patrice et moi allons visiter La Laguna, ville universitaire jouxtant Santa Cruz. Nous prenons le tramway et faisons le tour du centre historique, un peu désert à cette heure et par ce temps : le ciel est gris, le vent souffle et nous sommes gelés !
Le cœur historique, classé au Patrimoine Mondial de l’Unesco, forme un ensemble préservé des 16ème, 17ème et 18ème siècles. Il a été construit sur des plans inspirés de Léonard de Vinci et a ensuite servi de modèle aux villes coloniales d’Amérique du Sud.
Le soir nous sommes invités à dîner par Marie, une voisine de ponton. Nous nous calfeutrons dans le carré.
Tacoronte
Mercredi, Thierry a la grippe et reste cloué au lit avec une forte fièvre. Patrice et moi partons en voiture sur la côte ouest. Nous faisons d’abord le tour de Tacoronte, puis descendons sur la côte. A Playa El Pris nous nous attablons en terrasse d’un restaurant et nous régalons de poissons grillés et des classiques « papas arrugadas » (Cf. recette ci-après).
Puerto de la Cruz
Nous finissons la journée à Puerto de la Cruz, ville touristique ayant gardé beaucoup de cachet. Puerto de La Cruz porte bien mal son nom car elle n’a pas de port ! A la vue du « port » minuscule et inaccessible et de la côte déchiquetée, nous comprenons qu’il est impossible d’y faire halte en bateau.
Tempête sur les Canaries
Jeudi le temps se gâte encore et des pluies diluviennes s’abattent sur Santa Cruz. La température chute à 17 degrés ! Thierry est toujours aussi mal en point et nous repartons sans lui en balade. Nous abandonnons l’idée de randonner dans les montagnes sur la côte nord car la pluie fait rage sur tout le nord de l’île. Cap au sud où nous trouvons un peu de soleil… mais le paysage et les villes touristiques sont moins attrayantes ! Nous déjeunons à El Medano mais le repas est décevant.
Nous empruntons une route de montagne sur les pentes du Teide mais ce n’est pas extraordinaire… Bref, nous rentrons un peu déçus de notre journée.
Vendredi le temps est toujours exécrable mais Thierry a le courage de venir avec nous. En sortant de Santa Cruz nous découvrons que la neige est tombée sur les hauteurs du Teide et nous décidons de nous y rendre.
San Miguel et la montagne
Nous allons d’abord déjeuner dans un charmant village de pêcheurs, San Miguel de Tajao, où nous faisons un véritable festin de poissons !
Les informations à la télé consacrent une émission spéciale à la tempête sur les Canaries : de la neige en montagne (jusque 20 cm), du vent (des rafales à 120 km/h sur Tenerife) et beaucoup de pluie. Toutes les îles sont touchées par une grosse dépression, mais c’est visiblement Tenerife la plus affectée.
Nous prenons ensuite la route du Teide, mais elle est coupée à Vilaflor en raison de la neige. Nous cherchons un autre accès mais les rares routes qui montent à l’assaut du Teide sont sans issue. Tant pis, la route du retour est belle avec de beaux panoramas.
Pour finir... Air Méditerranée en faillite !
Le soir, Patrice apprend que la compagnie aérienne Air Méditerranée a été mise en liquidation judiciaire et que tous ses vols sont annulés ! Par chance il va tout de même pouvoir rentrer par un autre vol… Décidément, ses vacances ne sont pas placées sous une bonne étoile ! Espérons que la prochaine fois qu’il viendra nous rejoindre au bateau, il pourra enfin goûter aux joies de la navigation sous le soleil.
Nous déposons Patrice à l’aéroport le samedi matin et, au retour, nous nous contentons de faire une brève halte dans un minuscule village à flanc de montagne : des maisons troglodytes bordent l‘unique rue du village en front de mer. Thierry, toujours très fiévreux, a hâte de retourner se coucher.
Recette des délicieuses patates canariennes
Voilà une excellente façon de préparer des pommes de terre en robe des champs.
Prendre des petites pommes de terre et les mettre à cuire dans de l’eau très très salée (je prends de l’eau de mer et je rajoute encore du gros sel) avec un morceau de citron. Lorsqu’elles sont cuites, verser l’eau puis faire sécher les pommes de terre à feu très vif en les secouant, de sorte que le sel se dépose sur la peau. Servir avec des « mojos » rouge et vert (mayonnaise canarienne) … ou avec n’importe quoi tant c’est délicieux !
J’en prépare souvent et j’aime par exemple en croquer une avec du fromage : cela remplace le pain et c’est « gluten free » !
Date de dernière mise à jour : 07/10/2018
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