Îlot perdu aux Aves sous le vent

29 mai

Départ de bonne heure vers l'autre partie de l'archipel, Aves de Sotavento. Nous saluons nos amis pêcheurs en passant. Le temps est beau et le vent a bien molli depuis 2-3 jours. La mer est belle avec juste un peu de houle au milieu du parcours, là où la mer est très profonde. Navigation plaisir. A midi pile nous enroulons le génois et mettons le moteur à l'approche des quelques îlots où nous allons mouiller. Tout plat, bordés de plages d'un blanc étincelant et juste quelques cocotiers sur la plus grande, ces îlots sont battus par le vent et protégés de la houle par une barrière de corail. Ils baignent dans une mer d'un bleu-vert exceptionnel. Par ce beau soleil, nous sommes éblouis par ces couleurs et la beauté sauvage du lieu. Chaque arrivée nous réserve la surprise car toutes ces îles sont différentes.
Le temps de mettre le taud pour nous protéger du soleil qui cogne bien aujourd'hui et nous déjeunons de notre salade habituelle... avec de fines lamelles de lambi qui, decongelé, s'est nettement attendri (et voilà le secret...). J'attaque la dernière tomate... mais je n'ai même pas entamé nos réserves des coffres, alors, avec le poisson au frigo et les ardeurs de pêche de Thierry, nous ne mourrons pas de faim.
Après la sieste, nous partons en annexe vers le petit îlot car on repère qu'il y a des rochers autour. Difficile d'ancrer car le sable est si fin que les deux ancres n'accrochent pas. Thierry va chercher un très gros caillou sur la plage et l'attache à l'ancre. Cette fois l'annexe est en sécurité. Les fonds sont poissonneux mais l'eau est troublée par le sable en suspension. Je fais le tour de l'îlot à pied et regrette de ne pas avoir pris mon téléphone pour faire des photos. Des mouettes nichent là et rouspètent de mon intrusion, bien que je reste sur le bord pour ne pas trop les déranger. Ensuite nous allons sur le plus grand îlot avec le phare. Ambiance bizarre avec des branchages et des oiseaux morts partout ! Quelques cocotiers donnent heureusement une touche plus exotique. Après l'île couverte de palétuviers et grouillante de vie que nous venons de quitter, la transition est totale. Nous retrouvons aussi vingt noeuds de vent sans protection de palétuviers bien denses.
Ce soir c'est poisson, pour changer du lambi...
A la nuit des points lumineux signalent une présence humaine. Un autre îlot à quelque distance au sud abrite une base militaire. Un bateau passe à proximité de nous et se dirige vers elle... 

VIDEO : Arrivée au mouillage des Aves

30 mai

C'est notre dernière journée loin du monde ! Demain matin nous mettons le cap sur Bonaire et retrouverons la "civilisation"... c'est-à-dire peut-être les masques chirurgicaux pour remplacer les masques de plongée... ce monde où l'argent remplace la solidarité, le sens de l'accueil et du partage.
Le vent s'est calmé ( mais 10-15 noeuds tout de même) et nous allons explorer le récif de l'autre côté de l'île au phare.
Comme toujours nous sécurisons l'annexe avec deux ancres, plus le gros cailloux ramassé hier. Je ne peux m'empêcher de repenser à cette mésaventure qui m'était arrivée aux îles San Blas (Panama) au temps où je naviguais grâce aux bourses d'équipiers. Nous étions partis à quelque distance sur l'archétype du miniscule îlot tel qu'on le dessine avec ses deux cocotiers et avons accosté en sortant l'annexe sur le sable, ne laissant que l'arrière des boudins à l'eau. Pas de vague dans cet espace protégé du large par des récifs. Le temps de prendre quelques photos, l'annexe s'était fait la malle et dérivait, nous laissant seuls en maillot de bain l'appareil photo autour du cou ! Nous aurions pu y passer la nuit en attendant le passage de pêcheurs mais, fort heureusement, des voisins de mouillage nous ont aperçus et sont venus nous secourir. Depuis cet épisode je mesure combien dans des endroits déserts la moindre erreur peut avoir de graves conséquences. Heureusement, Thierry, sous ses airs casse-coup, est extrêmement prudent et a tendance à mettre la ceinture, les bretelles et le parachute !
Chaque plongée est une surprise, le paysage diffère même si les poissons sont toujours les mêmes. Ici beaucoup de corail en forme de bois de cerf, très peu de gorgones et Thierry ne trouve pas de poisson à harponner. L'eau n'est pas extrêmement claire à cause du sable en suspension, de sorte que le paysage se précise lorsqu'on approche, comme dans le brouillard. Non loin de là, une barque de pêcheurs est probablement à la recherche de lambis car quatre gars plongent et replongent toute la matinée ; dur travail pour une faible rémunération ! Ils nous saluent mais ne viennent pas nous aborder.
Nous hissons l'annexe sur le pont arrière pour la navigation demain. La méthode s'améliore et c'est fait en un gros quart d'heure.  

C'est où ? Introuvable sur Google Map...

 

Date de dernière mise à jour : 11/06/2022