Navigation Martinique- Blanquilla

Enfin le départ de Martinique

Enfin, après deux longues années immobilisé en Martinique, le 18 avril 2022, Lambarena met le cap au Sud-Ouest pour un périple alternant des îles inhabitées et d'autres plus "civilisées". Notre but final est Curaçao pour y laisser le bateau le temps d'un retour en Bretagne.

Nous avons besoin de retrouver notre esprit d'aventure, réapprivoiser la navigation hauturière, nous désintoxiquer d'internet,  découvrir des îles enchanteresses et d'autres modes de vie, faire des rencontres. Bref, reprendre pied dans notre projet de vie initial de voyageurs des mers ! 

Réapprivoiser la navigation hauturière

 Après ces années quasiment sans naviguer, affronter à nouveau la haute mer me fait peur ! Tout un univers à réapprivoiser... retrouver le plaisir d'être en mer au delà de l'inconfort...
Bon, la première navigation de deux jours et demi n'est pas encore un vrai plaisir pour moi, très loin de là ! Il faut me réapproprier cet univers marin, retrouver la confiance dans le bateau et dans ma capacité à affronter une mer agitée, une grosse houle, le bateau qui remue dans tous les sens avec des déplacements difficiles, un sommeil entrecoupé et agité. J'ai perdu ma capacité à cuisiner malgré la houle... et un léger mal de mer me fait perdre l'appétit. Il me faut aussi affronter un premier quart par une nuit sans lune, moi qui angoisse dans le noir. Heureusement, dans la soirée la lune se lève, éclaire la mer, et je retrouve enfin le sentiment grisant d'être seule sur le pont au milieu de la mer.
Bref, à l'arrivée à Blanquilla je suis épuisée, j'ai mal partout et je suis assez démoralisée par cette première navigation difficile pour moi... toutefois j'ai par moments retrouvé le plaisir d'être en mer...

18 avril, 1er jour de navigation

Départ de Ste-Anne un peu après le lever du soleil. Nous avons 235 milles à faire. Le  temps est gris, un petit vent d'Est de 10 noeuds et une houle d'un mètre agite le canal de Ste-Lucie. Dans la matinée le ciel se dégage et la mer hachée n'est pas très agréable bien qu'il y ait peu de houle.
Dans la matinée le pilote nous lâche... Thierry le répare très vite. Ouf !
Dans l'après-midi le temps vire à nouveau au gris, le vent forcit légèrement à 13-15 noeuds. Quasiment vent arrière, le bateau file à 5-6 noeuds.
Vers 17h une perruche bleue vient s'installer dans le panier à l'arrière. Peu après, une sterne au long bec prend position sur le lazybag à l'arrière. Il n'est pas fréquent que des oiseaux jouent les passagers clandestins, alors deux au même moment c'est rarissime.
La nuit tombe. Sans lune et le ciel couvert il fait un noir d'encre. La mer s'agite et nous sommes secoués en tout sens. La vitesse chute entre 4 et 5 noeuds.
Thierry va se coucher vers 20h... un vacarme infernal de chocs l'empêche de dormir :  faire la chasse à tout ce qui cogne dans les placards...
20h30 la lune pleine se lève enfin et éclaire tout. La mer se creuse.
Pendant mon quart le bateau a du mal à tenir le cap et fait route plus au sud.


19 avril, 2e jour de navigation

 Peu après minuit Thierry prend la relève jusque 6h. J'ai beaucoup de mal à dormir avec cette agitation mais, heureusement, vers 3-4 heures ça secoue un peu moins et je peux enfin me reposer.
Au petit matin la mer est une vraie marmite avec des vagues jusque trois mètres. Les déplacements sont difficiles et j'ai mal partout. Pas le moral.
Les oiseaux sont toujours là. Le sterne nous quitte au matin tandis que la perruche s'installe dans l'annexe pendue à l'arrière. Nous lui donnons de l'eau et des bouts de choco. Elle reprend de l'énergie et chante toute la matinée.
La mer se calme peu à peu et le soleil inonde le pont. Comme je cherche désespérément un petit coin d'ombre, Thierry installe la rallonge de la capote pour abriter le cockpit. Agréable !
A midi je prépare une salade composée mais impossible pour moi d'en manger plus que quelques bouchées car j'ai un peu le mal de mer. Je me nourris d'ananas confit.
Vers midi la perruche fait un tour du cockpit pour nous remercier de notre accueil et quitte le bord. Bon vent à elle !
Le soir je finis la salade et fais des pâtes pour Thierry.

 

Perruche à bord

20 avril, 3e jour de navigation

  A 6h Thierry me réveille car il a besoin d'aide. Le pilote a lâché une nouvelle fois. Je barre le temps qu'il trouve la panne : c'est l'interrupteur au tableau de commandes. On change de cap et on enlève le tangon. Je prends mon quart du matin par petit vent et mer belle, mais sur ce nouveau cap le bateau n'avance pas ! Finalement je reviens au cap d'origine et ça va mieux. Le pilote tient le coup.
A 9h Thierry lève et hisse la GV : on gagne en vitesse !! 5-7 kn.
On remet la capote pour nous protéger du soleil. Belle journée en vue. A cette vitesse on devrait arriver avant la nuit. Je vais dormir un peu.
Vers 11h l'île est en vue.
Après avoir avalé une boite de cassoulet (trop le mal de mer pour faire une salade) je retourne faire la sieste.

A la recherche d'une île perdue

  Thierry met le cap sur l'île en vue distante d'une vingtaine de milles. Bizarre, plus on approche plus il doit rectifier le cap vers l'est. Il contrôle son GPS et compare le tracé du traceur de barre avec celui de Maxsea sur la tablette. Même tracé qui s'éloigne de la trace programmée !? Il vérifie le décalage du nord magnétique par rapport au nord des cartes mais n'y trouve pas d'explication. A la réflexion l'ile lui semble bizarre par rapport à la carte. Trop montagneuse. De plus elle est entourée de petits ilets. On dit toujours de ne pas se fier les yeux fermés aux cartes... Vers 15h il me réveille pour m'exposer le problème. Eureka ! L'île qu'on poursuit n'est pas la bonne !!! Blanquilla doit se trouver plus à l'ouest et celles que l'on a prises pour Blanquilla sont des îlots au sud-est de celle-ci. Thierry avait bien scruté l'horizon de ce côté mais n'avait vu qu'un gros nuage bas. Or Blanquilla est bien là : c'est une grande bande de terre qui culmine à seulement 18 mètres et reste invisible avant d'avoir le nez dessus ! Nous mettons le moteur et le cap à l'ouest pour rejoindre enfin Blanquilla que nous abordons par le nord. 

Arrivée à la Blanquilla

 A l'arrivée la carte du traceur de barre refuse de nous donner les détails : Thierry nettoie les contacteurs de la carte SD et le détail réapparaît. Ouf ! Heureusement que nous avions toujours Maxsea sur la tablette... deux systèmes de cartographie sont une sécurité minimale.
Nous longeons la côte ouest de l'île en direction d'un mouillage indiqué sur la carte. Nous apercevons trois barques de pêcheurs ancrées devant une plage. Deux habitations rustiques doivent les accueillir durant leur passage sur l'ile. Pour le moment il n'y a pas âme qui vive.
A 17h nous sommes ancrés dans une petite anse rocheuse un peu à l'ouest de Punta de la Aguada. L'eau est d'un beau "bleu des mers du sud". A l'entrée une arche rocheuse surplombe la mer. Le fond de l'anse abrite deux superbes petites plages de sable blanc. Vraiment un endroit magnifique !

Ouf ! Arrivés à destination.

A peine ancrés nous allons nous laver après ces 3 jours de mer. On trouve même l'eau un peu fraîche : une honte pour des bretons ! Elle doit tout de même être au moins à 25 degrés...
Le mouillage est très calme. La nuit le vent tombe en dessous de 10 noeuds et il n'y a pas de houle. Après le mouillage venteux et houleux de Ste-Anne nous apprécions ! 

Entrée de l'anse de mouillage

C'est où ?

Date de dernière mise à jour : 08/06/2022