Fin d'année avec les enfants
Marion et Youenn viennent passer les vacances de Noël avec nous sur le bateau. Ils arrivent dans la nuit du 19 à l’aéroport de Gran Canaria. Nous sommes amarrés au port de Taliarte (voir le récit de notre amarrage au port) depuis le matin et les attendons avec impatience. L’aéroport est à quelques kilomètres et, en taxi, ils sont vite à bord ; joie de les retrouver après ces mois d’absence pour partager avec eux de bons moments au soleil.
Noël à Mogan
Nous quittons Taliarte de bonne heure : Thierry largue les amarres alors que tout le monde dort encore. Direction Mogan sur la côte Sud-Ouest. Cette première navigation ensemble est tranquille et nous jetons l’ancre devant le port de Mogan, sous la falaise, en milieu d’après-midi. Thierry doit aller à la sortie de la ville chercher une bouteille de gaz. Le problème est que les taxis refusent de le prendre avec la bouteille et que le retour est long… Cela fait partie des joies de la vie en bateau… Le lendemain nous allons mouiller à un mille au nord dans une superbe crique sauvage (trop au goût de Marion qui peste – un peu - de ne pas avoir de réseau…). Premier bain pour les enfants : l’eau est comme toujours à 20° et il y a plein de poissons. Le lendemain nous retournons vers Mogan et nous installons dans la marina pour y passer Noël. Revenir dans ce joli port est un plaisir (voir le récit de notre passage à Mogan l’an dernier). Nous y retrouvons avec plaisir notre ami suisse Richard, du bateau Placebo. Il prépare son bateau pour partir vers les Antilles dans quelques jours. C’est son fils Yann qui fait le voyage : des vacances pour lui qui prépare la mini transat 6.50 ! Ils prennent une heure sur leur précieux temps pour prendre l’apéritif avec nous le soir de Noël.
Au matin du 24 une pluie battante s’abat sur Mogan tandis que nous déambulons entre les nombreux étals du marché pour y faire nos emplettes de Noël. Heureusement la pluie cesse vite et nous pouvons réveillonner dans le cockpit décoré de guirlandes lumineuses.
Virée à Tenerife
Après le repas de Noël (un gigot : met rare aux Canaries qui ignorent le mouton) nous quittons Mogan pour Tenerife. Une brume tenace réduit la visibilité à quelques milles : impossible de voir le Teidé pourtant si imposant. Marion et Youenn prennent le premier quart puis c’est le tour de Thierry qui me réveille à l’aube à l’approche de la pointe sud de Tenerife. Là le vent tourne et la houle rend le passage du cap toujours un peu difficile de sorte qu’il doit rester un peu pour ajuster la voilure. Nous mouillons dans la matinée dans une petite anse réputée abriter des tortues sur la côte Ouest, un peu au nord de Los Christianos. La houle fait rouler le bateau mais l’endroit est agréable bien que pas mal fréquenté par des bateaux de plongeurs. Un peu trop proches des rochers, nous décidons de changer de place dès que des bateaux partent. La manœuvre s’avère difficile dans ce petit espace à cause de la houle et du vent. Nous nous y reprenons à plusieurs fois pour trouver l’endroit idéal. Des nageurs viennent perturber la manœuvre et notre échelle tombe à l’eau. Le temps qu’ils aillent la repêcher, le bateau dérive et l’hélice se prend dans le bout d’amarrage d’une barque. Une fois encore Thierry sort ses bouteilles de plongée et va libérer le bateau, ce qui lui prend un bon moment. Nous décidons finalement d’aller jeter l’ancre à un mille plus au sud, dans une anse plus large et plus sauvage où nous avions mouillé l’an dernier. Nous y retrouvons le calme et pouvons enfin profiter d’une bonne baignade… et d’une nuit paisible.
Mouillages magiques à Los Gigantes
Le lendemain nous prenons au nord pour aller vers les falaises de Los Gigantes : 700 mètres de roches volcaniques noires et ocres qui tombent à pic dans l’eau. La maigre végétation apporte quelques touches de vert. Des cavernes parsèment la roche et la montagne ressemble aux châteaux de sable coulant que je faisais dans mon enfance. Le décor est inouï et semble tout droit sorti d'un dessin animé… Des « barrancos » (canyons profonds) font une petite trouée dans cette masse rocheuse et une petite plage permet aux bateaux de mouiller là, juste au pied de ces immenses falaises dans ce décor de rêve ! Youenn et Marion sont émerveillés par cet endroit magique. Nous avons la chance que le temps soit calme pour nous permettre d’y passer deux nuits successives. Le premier mouillage est devant une large plage de galets. La baignade est toutefois décevante : autant la montagne est superbe, autant les fonds sont désertiques. Thierry et Youenn plongent en bouteille mais ils ne voient guère plus de poissons que Marion et moi qui « snorkelons » à la surface. Qu’importe, se baigner dans un tel décor est tout de même une expérience exceptionnelle.
Sauvetage de randonneurs
Dans l’après-midi nous remarquons quatre randonneurs sur la plage. Ils restent là à se reposer… mais l’heure tourne et le chemin du retour est long : pourquoi ne partent-ils pas pour ne pas être surpris par la nuit ? Nous savons que la randonnée dans ce barranco est très difficile et s’apparente plus à de l’escalade qu’à une promenade de santé. Finalement vers 16h30 ils nous font de grands signes pour nous signaler leur détresse. Thierry et Youenn partent alors à leur rencontre avec l’annexe, à la rame. A l’approche du bord un gars se jette à l’eau pour les rejoindre car la houle rend l’accostage dangereux. Ce sont des français et des italiens ; l’un d’eux est blessé au genou. Thierry revient à bord et appelle un bateau de touristes qui passe à proximité : il va envoyer un bateau pour les secourir. Un bateau semi-rigide arrive peu après mais il reste à distance du bord, ne pouvant accoster sur les galets dans les vagues. Thierry et Youenn repartent et parviennent à accoster dans les vagues (vive notre annexe en alu… et l’expérience de Thierry dans les vagues) : il embarque fissa les quatre personnes et les amène à bord du zodiac. Les voilà sauvés !
Le mouillage déserté des bateaux de touristes (peu nombreux heureusement), nous pouvons goûter tranquilles aux joies du coucher de soleil qui illumine la montagne.
Second mouillage dans une petite crique
La nuit est calme et le lendemain matin nous remontons quelques milles au nord pour mouiller dans un endroit encore plus sauvage : une petite crique où les bateaux de touristes ne s’aventurent pas. L’endroit est encore plus fantastique ! Nous profitons là encore d’une baignade pour les filles et d’une plongée pour les gars. En fin d’après-midi nous levons l’ancre pour retourner à notre mouillage de l’avant-veille. La montagne, baignée du soleil couchant, offre des paysages somptueux.
Pas de vent mais une petite houle qui ne nous empêche pas de profiter du spectacle assis à l’avant du bateau.
Nous mouillons de nuit dans l’anse déjà connue et sans danger. Demain, le 29 décembre, nous devons retourner vers Gran Canaria d’où les enfants décollent le 31 très tôt le matin.
Retour impossible vers Gran Canaria
Au petit matin la houle et le vent forcissent. La météo annonce un vent Sud-Est de 15 nœuds : il faudra certainement pousser au moteur au près serré. Lorsque nous quittons l’anse abritée, le vent monte à 25 nœuds et une bonne houle rend déjà la navigation sportive. Nous tirons un bord de près cap au sud. Une fois passé l’abri de l’île la houle et le vent forcissent encore. A 14 heures nous virons (difficilement) de bord et constatons que le vent a tourné à l’Est, de sorte que ce nouveau bord… nous ramène à notre point de départ ! Avec 25-30 nœuds de vent de face il est impossible de passer au moteur : nous abandonnons et espérons trouver refuge à la marina Puerto Colon. Nous l’atteignons vers 16 heures et nous amarrons à un ponton. Des gars viennent illico nous en déloger : « pas de touristes ici, allez ailleurs ». Que faire ? La météo annonce cette fois des vents encore plus violents pour le lendemain. Retourner au mouillage ? C’est prendre le risque de ne pas pouvoir sortir de la baie à cause des vagues ; et puis comment débarquer les enfants ? Nous appelons la marina Miguel à quinze milles sur la côte Est : ils peuvent nous accueillir ! Le passage du cap est laborieux et nous n‘atteignons la marina que vers 21 heures. L’entrée de la marina est juste devant une « plage » de rocailles et de très grosses vagues rendent l’accès dangereux, surtout à marée basse. Par moments les vagues nous cachent la digue… Thierry manœuvre habilement entre les grosses vagues… le bateau se rapproche dangereusement du bord et le sondeur marque seulement 4,50 mètres… enfin nous voilà à l‘abri du quai, au calme dans la marina : ouf !!! Nous nous offrons un restaurant bien mérité après cette rude journée… et c’est notre dernier repas ensemble.
Le lendemain Marion et Youenn doivent s’organiser pour aller prendre leur avion. C’est une vraie expédition : aller prendre le ferry à Santa Cruz de Tenerife pour Las Palmas, prendre la navette (loin de la gare du ferry bien sûr) pour l’aéroport au sud de Gran Canaria et y attendre leur vol à 6 heures du matin. Pas de bus pour se rendre à Santa Cruz depuis San Miguel : nous leur payons le taxi pour simplifier ce trajet bien compliqué et ils nous quittent en début d’après-midi sans avoir même eu le temps de déjeuner.
Les vacances sont terminées : rien que du bonheur et pas mal de soleil (à Rennes il fait -3°).
Il nous reste à attendre de meilleures conditions météo pour retourner à Gran Tarajal sur Fuerteventura où nous devons sortir le bateau le 5 janvier. Espérons qu’on y sera à temps car un vent d’Est persistant rend le retour problématique.
Notre circuit
Fil conducteur
Retrouvez le récit précédent et le récit suivant de la saison 3.
Ci-contre, la liste des pages de la saison 3.
Date de dernière mise à jour : 17/01/2017
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