6.11. Bloqués un mois à Deshaies
Départ différé
Nous pensions mettre le cap au nord, après le départ de Marion le 18 décembre, pour visiter Antigua, Barbuda et St Bath. L’accident de Thierry la nuit de son départ (voir la page « (Més)aventures du dernier jour avec Marion ») nous a obligés à différer notre départ au début janvier. C’était sans compter les imprévus. J’ai attrapé une vilaine otite fin décembre et, comme elle tarde à guérir, nous préférons rester à proximité des médecins. Ensuite, l’évacuation de l’évier nous lâche (*) - un dimanche bien sûr - et nous devons la réparer, ce qui oblige à louer une voiture pour aller à Pointe-à-Pitre. Enfin une dépression tropicale est annoncée et l’alerte orange déclenchée : 5 jours de vents violents et de grosses vagues… pas question de partir !
(*) Comment couler son bateau bêtement ? Le tuyau d’évacuation de l’évier est à peine au-dessus de la ligne de flottaison. Lorsque que la vis (rouillée) qui le retenait à la bonde de l’évier a lâché le tuyau est tombé… mais heureusement il a été retenu par les produits d’entretien stockés sous l’évier. Sinon l’eau rentrait à flot dans le bateau !
Chasse aux toubibs
Après une série d’antibiotiques mon oreille me fait à nouveau mal… comment mieux dire que j’ai l’impression d’avoir une banane dans l’oreille ?... Il faut retourner voir un médecin mais, ce samedi matin, les trois médecins de Deshaies sont fermés. Nous appelons le numéro du service de garde affiché partout et tombons sur le 15. Le gars nous dit qu’il ne pourra nous donner le nom du médecin de garde qu’à midi ! Quelqu’un nous indique un cabinet de garde à Ste-Rose, à 25 km. Nous empruntons alors la voiture de notre voisin de bateau et arrivons au cabinet à Ste-Rose vers midi. Fermé. Impossible d’avoir le service de garde au téléphone. Nous allons déjeuner au port de Ste-Rose et revenons ensuite. Toujours personne mais le service de garde répond enfin… et on nous dit que le médecin de garde est au Lamentin à 20 km de là. Bravo l’organisation des médecins de garde !
Aucune amélioration après une seconde série d’antibiotiques. Le médecin de Deshaie me conseille de consulter un ORL. Commence alors la recherche d’un ORL ! Je passe deux jours à appeler les ORL de Guadeloupe sans parvenir à avoir un rendez-vous avant fin février. Finalement l’un d’eux m’informe qu’il existe un service d’urgence ORL au CHR de Pointe-à-Pitre. Le vendredi nous louons une voiture pour aller à l’assaut de ce service ! Le CHR est dans un piteux état. Une affiche nous informe qu’il n’y a plus de gants d‘auscultation, plus de morphine, etc. Honteux ! Nous nous disons qu’il vaut mieux mourir en mer que dans un hôpital…Aux urgences ORL (7ème étage) on me renvoie aux urgences (Rdc) car je n’ai pas de courrier de mon médecin… Là nous remplissons un dossier et nous pouvons remonter au 7ème munis de ce sésame. Ca nous rappelle un Astérix, ou Kafka au choix… Une grande heure est déjà passée mais nous sommes enfin acceptés dans la file d’attente de l’ORL ! 2H30 après (je m’attendais à plus !) je suis enfin reçue par un interne ORL. Verdict : tympan perforé et interdiction de me baigner tant qu’il n’est pas réparé – minimum un mois ! ça va être dur…
Les services médicaux en métropole se dégradent d’année en année, mais ici c’est encore pire ! Malgré tout, nous préférons soigner cette otite sur le territoire français plutôt que sur une île étrangère où il nous serait encore plus difficile de trouver un ORL et de lui parler. En bateau il vaut mieux ne pas être malade !...
Tempête tropicale et drôle de mic-mac avec le port !
Alors que la tempête est annoncée dans quelques heures, du vendredi au mardi, les gars du port font le tour des bouées pour nous informer qu’un arrêté municipal stipule que les bateaux doivent quitter les bouées sous peine d’amende ! C’est charmant… la tempête arrive et nous devons partir en mer ! Par contre, si on signe une décharge de responsabilité on peut rester… Ils nous informent aussi que les bouées seront payantes à partir du lundi suivant et qu’alors nous pourrons rester sur les bouées. Tout cela nous semble très discutable, voire peu légal, et nous contactons notre assurance pour lui demander son avis. Finalement Thierry va signer le papier au bureau du port en précisant « sous la contrainte ». Un adjoint au maire est là et écoute son argumentaire pour contester les décisions prises par la municipalité. Il reconnait alors qu’ils sont « border line »… Est-ce suite à cet entretien que la municipalité renonce finalement à faire payer les bouées car elles ne sont pas suffisamment sécurisées ?
Thierry assure le bateau en amarrant une chaîne directement sur le bloc, en plus de deux amarres sur la bouée. Nous pouvons dormir tranquilles ! Nous enlevons les tauds de soleil et préparons le bateau pour affronter la tempête.
Dans la baie abritée de Deshaies la situation reste très gérable. Le vent souffle à 25-30 nœuds avec des rafales à 40 nœuds. Les grains se succèdent. Heureusement la houle ne rentre pas dans la baie alors que des creux de six mètres sont constatés dans les canaux inter-îles. Les navettes des ferries sont suspendues.
Comme dab on fait de l’entretien…
Ces semaines d’attente nous permettent de faire un peu d’entretien du bateau. Thierry refait le pont bâbord au-dessus de la bibliothèque du carré : les cadènes laissent passer l’eau, le bois du pont commence à pourrir et l’eau s’infiltre dans le bateau. C’est un chantier récurrent qui concerne plusieurs endroits du pont : il « suffit » de creuser et reboucher avec du tissu/résine. Un petit coup de peinture et on n’y voit rien.
Comme il a beaucoup plu ces dernières semaines nous subissons quelques infiltrations. Une fuite au niveau du pied de mât arrière nous inquiète mais il s’avère que c’est le hublot de la salle de bains qui n’est plus étanche. Un coup de Sika et la pluie ne rentre plus.
Le couvercle du coffre arrière que nous avions fait aux Canaries en 2017 est déjà complètement pourri : le contreplaqué marine était de très mauvaise qualité. Nous décidons de le remplacer par un couvercle en alu plus solide et inaltérable. Nous le faisons faire par un soudeur à Pointe-à-Pitre.
Thierry répare l'évacuation de l’évier et en profite pour monter un nouveau robinet car l’ancien en inox est totalement rouillé après seulement une saison.
Tous les achats techniques se font à Pointe-à-Pitre, soit à Jarry, la méga zone industrielle de Pointe-à-Pitre, soit à la marina. Chaque déplacement nécessite donc d’avoir une voiture. Nous louons des voitures à Deshaies avec Ti-char : 25 euros la journée (contact 06.90.50.84.23 autotichar@gmail.com). Le gars est très arrangeant mais les voitures ont pas mal de km au compteur.
Changement de programme
Les jours passant nous renonçons à aller vers le nord car nous devons être vers le 10 février en Martinique pour accueillir des amies. C’est trop court maintenant. Nous irons une autre fois ! Nous décidons de redescendre tranquillement vers la Martinique en passant par les Saintes et la Dominique. Nous repasserons dans des endroits connus... pas de grande découverte au programme !
Le 20 janvier, soit après un mois passé à Deshaies, nous mettons enfin le cap vers le sud.
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Date de dernière mise à jour : 27/03/2020
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