Gran Roque, île principale des Roques

2 mai

 J'ai dormi d'une traite de 17h à 9h30 ce matin ! Le jacassement des oiseaux en chasse berce mon réveil. Je me sens toujours aussi fatiguée... mais c'est juste parce que j'ai peu mangé depuis deux jours. Un bon café et deux tranches de cake anglais bien bourratif me remettent en forme. Je peux attaquer le rangement du bateau pendant que Thierry pose des mousses de protection sur l'annexe, profitant qu'elle soit au sec sur le pont.. Marion m'appelle et ça me fait un grand plaisir de parler avec elle ( même à 2€ la minute...). Je n'ai pas remis l'internet sur mon téléphone : j'attends de trouver un bar avec du wi-fi.
La journée se passe sans qu'on remette l'annexe à l'eau. Nous sommes ancrés au milieu d'une belle piscine aux eaux turquoises et les oiseaux chassent autour du bateau. 15 noeuds de vent. Du soleil. On est bien ! 

3 mai

Ce matin je nettoie l'annexe dont les bords sont verdis par les algues. Thierry entreprend de revoir l'électricité  du panneau de commandes de la barre. Il installe une bande de led pour éclairer le pilote et la boussole. Ça lui prend plus de temps que prévu... Pendant ce temps je fais un bon ménage intérieur du bateau. Ça fait du bien de retrouver un bateau propre après cette navigation qui l'a mis sans dessus dessous.
La matinée est passée vite et on n'a toujours pas remis l'annexe à l'eau pour aller enfin à terre.
J'observe les oiseaux qui pêchent autour du bateau. Les pélicans plongent après avoir pris de la hauteur.  Ils volent en escadrille et chassent en groupe. Les mouettes piaillent autant qu'elles peuvent et tournent autour des pélicans pour bénéficier de leur pêche. Elles se posent carrément sur leur tête pour leur voler leurs proies. Les coups de becs vont bon train. Le bruit des oiseaux parvient même à couvrir celui du vent qui souffle non-stop entre 15 et 20 noeuds. Le ciel est bleu avec juste des petits nuages ici et là. La mer autour du bateau est toujours de ce bleu incomparable. Nous avons la plus belle piscine du monde !
Pour le moment aucun "officiel" n'est passé nous voir au bateau.
Nous espérons avoir des nouvelles de ce couple qui fait du charter ici. Patrick est français et Luz est vénézuellienne. Nous avons échangé avec eux depuis quelques mois. Ils sont partis caréner à Marguarita et ne devraient pas tarder à revenir ici.


Cet après-midi nous partons en expédition en ville. Nous longeons la plage pour aller jusque l'aéroport. De belles grandes barques blanches sont rangées en épi tout le long de la plage. De près, vue de la mer, la ville nous semble plutôt jolie avec de belles maisons colorées et des arbres en fleurs ici et là. Nous laissons l'annexe - non cadenassée - au ponton au bout de la plage. De nombreux pélicans squattent le ponton à l'affût des poissons. Nous débarquons devant l'aéroport tout neuf. Le trafic est assez important et quelques petits avions attendent sur le tarmac (nous apprendrons plus tard que ce sont des avions taxi qui partent pour Caracas quand ils sont pleins). Première impression de cette petite ville aux rues ensablées sans voiture (ni vélo, ni trottinette !) : propre  et bien entretenue, calme et joyeuse. La vie y semble paisible. Le bruit vient uniquement des oiseaux qui piaillent sans cesse. Des poubelles partout et pas un papier qui traîne ! Les gens ont le sourire et nous disent bonjour. Beaucoup en cette fin d'après-midi sont assis devant leur porte à papoter. Les enfants sont propres et jouent joyeusement dans les rues. Ici pas de risque pour eux, les parents peuvent les laisser vadrouiller sans crainte ! Nous entrons dans une boulangerie et achetons du pain (pas terrible) et d'excellentes brioches à la noix de coco. Ici la monnaie est le dollar américain. Nous avons fait du stock mais manquons de petites coupures. Nos gros billets sont refusés. Nous passons devant une école et un lycée plutôt accueillants. Un centre médical tout neuf ne semble pas surchargé de travail. Plus loin nous trouvons un " supermercado". Beaucoup de gateaux et de produits sucrés mais pas de légumes hormis des pommes de terre et des oignons. Nous sommes très loin de l'image colportée par les marins français d'un pays très pauvre où règne l'insécurité ! Nous entrons dans un petit magasin et discutons avec les patrons. Ils nous indiquent le seul bar qui offre de la WiFi : Play Bar à proximité de l'aéroport. C'est un bar très branché pour les kites surfers qui viennent se défoncer au vent de ces îles magnifiques (probablement des vénézuelliens plutôt fortunés...). Nous lisons notre courrier et faisons même une visio avec Marion. Retour au monde connecté pour quelques instants devant une "cervesa" bien fraîche !
Nous rentrons au bateau au coucher du soleil, ravis de la découverte de cette belle petite ville où on aurait bien envie de s'installer pour y vivre tranquille. Et quel bonheur de ne plus voir la trace de ce foutu covid : ici pas de masque ni de règle restrictive affichée partout !
Nous remontons l'annexe sur le pont. Thierry a installé trois bouts pour la hisser et elle reste bien horizontale durant le transfert qui se fait bien. Pour ce second essai l'annexe est à poste, sanglée, en un peu plus de dix minutes. Pas plus difficile que de la monter sous le portique arrière.
Le soir je cuisine le poulpe mariné au vinaigre donné par les pêcheurs à Blanquilla. Malgré une grande heure de cuisson il reste dur et il garde un goût vinaigré prononcé. Je renonce et vers 21h nous nous rabattons sur une boîte de choucroute...

4 mai

  Ce matin nous avons un voisin : un catamaran arborant le drapeau breton avec six personnes à bord. Visiblement ils sont juste venus faire la clearance car ils repartent dès midi sans même passer dire bonjour. La convivialité des marins se perd...
Thierry se bat toute la matinée avec des madriers récupérés au Marin afin de construire un ber pour maintenir l'annexe sur le pont.
Nous partons en annexe jusqu'au bout de l'île du côté montagneux pour repérer des zones de baignade. Nous débarquons ensuite en ville. Un cargo est venu ce matin s'amarrer au bout de la plage et des camions en sortent : probablement l'approvisionnement hebdomadaire de l'île ! Nous passons au supermercado et, miracle, le rayon légumes a fait le plein. Il nous restait peu de frais et nous repartons avec des réserves pour plus d'une semaine :  tomates, chou, carottes, oignons, avocat, mangues, fruits de la passion, bananes ; le tout de belle qualité. Il paraît que le cargo n'est pas venu la semaine dernière, alors nous avons de la chance ! Les camions restent sur une grande place à l'entrée de la ville et tout est ensuite livré aux commerces sur des charriots à bras. Nous finissons la balade par le bar " Play" mais l'internet est en panne aujourd'hui. Nous discutons en anglais avec Maria qui règle pour nous les trois dollars que nous ne pouvons fournir en petite monnaie. Je l'invite à venir prendre un verre à bord demain. Elle vit ici et loue un RB&B. Elle nous a indiqué une île moins venteuse pour poursuivre notre séjour ici. Pour le moment nous n'avons toujours pas fait notre clearance... nous sommes amarrés juste en face du bureau des coastguards et personne n'est venu nous contrôler.
Ce soir nous laissons l'annexe à l'eau à l'arrière du bateau, l'île est sécure et nous ne craignons pas le vol. 

5 mai

Réveil de bonne heure pour aller marcher à la fraiche jusqu'au phare qui domine Gran Roque. Le chemin est d'abord bien tracé et bordé de coquilles de lambis, puis il se perd un peu dans la broussaille. De la haut la vue est superbe ! C'est notre première rando depuis les Canaries et ces deux heures de balade suffisent amplement pour une remise en jambes. Au retour nous retraversons la ville. Plus on s'éloigne de l'aéroport, plus le niveau de vie baisse... Thierry engage la conversation avec un monsieur qui ne semble pas très fortuné. Il nous explique le fonctionnement du réseau d'eau : pluie et dessalinisateur. Comme il est entouré d'enfants nous lui proposons de revenir le lendemain pour leur donner des petits jouets, des feutres, enfin quelques babioles qui peuvent faire le bonheur des gosses de sa rue. Des groupes électrogènes ronronnent un peu partout car l'électricité est en panne depuis la veille. Nous découvrons un marchand de légumes super bien achalandé et complétons notre stock.
Nous faisons le forcing pour préparer la venue de Maria à 16h. Je lave le cockpit et le pont arrière plein de sciure suite à la confection des bers. Thierry prépare les crêpes. A 16 heures il est au rendez-vous... mais pas trace de Maria ! Nous sommes déçus que cette visite tombe à l'eau et toujours agacés de constater que les gens ne respectent plus guère leurs engagements. Tant pis, nous mangeons les crêpes arrosées d'une bouteille de cidre bien frais qui restait dans nos réserves.
En fin d'après-midi trois voiliers viennent mouiller non loin de nous; quelle affluence tout d'un coup !  

6 mai

 Cette nuit il a plu un petit peu. Le temps que Thierry sorte et déroule le taud de récupération d'eau de pluie c'était déjà terminé. On a peut-être récupéré quelques litres d'eau douce précieuse... Au réveil le ciel est couvert et le vent a faibli. Nous allons en ville donner les jeux pour les enfants comme convenu. Mais pas de chance, le monsieur n'est pas là et une jeune femme nous reçoit devant sa porte. Elle est visiblement très contente de ce qu'on lui donne mais ne nous propose pas d'entrer... tant pis pour le café promis hier ! Nous poursuivons notre découverte des rues de la ville.

Alors qu'aucun voilier n'est venu de toute la semaine, depuis hier soir cinq bateaux sont arrivés. Ils restent juste le temps de faire leur clearance d'entrée et repartent mouiller sur d'autres îles. A notre retour nous allons saluer un cata occupé par des bretons qui nous invitent à prendre un café.

Ce midi nous nous régalons d'une excellente salade composée de tous les bons légumes; ça change avantageusement de la salade riz, tomate, concombre et chou de ces derniers temps. Je prépare du gacamole pour l'apéro de ce soir... si nos voisins bretons nous rendent visite.

Tandis que j'écris ces quelques lignes une nuée d'oiseaux vient pêcher à quelques mètres de moi. Les pélicans plongent et les mouettes se posent sur eux en espérant avoir leur part. Le tout dans un vacarme assourdissant ! Je profite de l'aubaine pour faire une petite vidéo. Après cette séance de pêche endiablée les oiseaux se posent et digèrent tranquilles : repos général et - presque - silence. Un pélican vient se poser sur l'enrouleur du génois : je le filme mais je ne suis pas encore très douée ! J'ai enfin l'idée de me mettre à l'eau pour voir le spectacle d'en dessous. Mais trop tard, le ban de poissons est parti plus loin. Reste les traînards et quelques belles carangues qui tournent autour. Les oiseaux s'éloignent et le calme revient.

Nous allons prendre l'apéritif chez nos voisins bretons. Nous avons la surprise d'y rencontrer Patrick et Luz, nos contacts ici. Nous les croyions partis à Marguerita mais ils sont toujours ici, au mouillage à Francesqui, en attente de l'autorisation de partir ! Vive l'administration. Ils nous donnent plein de tuyaux pour ici et pour les Aves. Demain on potasse la carte pour définir notre prochain mouillage lundi prochain. Soirée très sympa et instructive sur la vie ici.

7 mai

 Nous passons la journée à Francesqui où nous allons en annexe. Cliquez ICI pour le récit de cette journée.

De retour à bord nous voyons les coastgards accoster le cata des américains qui ont fait leur clearance avant-hier et sont ancrés juste devant nous. Nous sommes certains qu'ils vont venir nous contrôler nous aussi. Mais après un long moment passé à bord du cata ils repartent à leur QG ( sur la plage juste face à nous...) sans venir vers nous ! On doit déjà faire partie du paysage ici...

8 mai

  Pas de chance, le ciel est encore tout gris aujourd'hui, pas un seul coin de bleu ! Aujourd'hui nous fêtons les 13 ans de la rencontre de notre trio : Thierry, moi et Lambarena. Nous réalisons enfin ce rêve commun qui a provoqué notre rencontre : vivre en bateau au soleil sur des îles désertes !
Ce matin nous allons réserver le restaurant. Je m'offre une heure de massage au spa local (40$ us) par une asiatique aux mains expertes à dénouer les tensions. Avec l'huile se massage qui hydrate ma peau de crocodile malmenée par la vie en bateau, c'est un vrai moment de bien-être. Pendant ce temps Thierry va acheter 10 bouteilles de 5 litres d'eau minérale. 60 $ : ici l'essence est gratuite pour les locaux, mais l'eau est un vrai produit de luxe ! Nous comptions sur l'eau du dessalinisateur qui est en panne. On boit environ 4 litres par jour ici alors il nous faut être prévoyants.
Je retrouve Thierry devant un mojito au bar Play et je me laisse tenter aussi. Le massage et le mojito me font un effet d'enfer : rentrée au bateau je m'endors comme un bébé !
L'après-midi le ciel se dégage... et le vent se remet à souffler à 15 noeuds. Nous allons vers la côte rocheuse pour nous baigner. Nous avions repéré un endroit calme abrité par une avancée rocheuse. Thierry plonge en bouteilles et découvre deux épaves de voiliers par 17 mètres de fond. A côté, une table et des chaises ont été installées sur le fond de sable. Un ancien téléphone à fil et une bouteille de whisky sont posés sur la table. Thierry rentre ravi de cette petite plongée. Quant à moi, je renonce à me baigner car les fonds n'offrent rien d'intéressant vus de la surface; je préfère garder le bénéfice de l'huile de massage.
En soirée nous allons au restaurent chic le long de la plage. Nous n'avons pas vu de menu affiché... après un morito la serveuse nous apporte un carpaccio de poisson, des pâtes à l'ail et persil, un plat de poisson et un gâteau au chocolat. C'est bien présenté, peu copieux et excellent. En prime on a droit à internet ce qui fait que nous passons une bonne partie de ce repas sur nos téléphones ! Incorrigibles. La note est salée... compensée par les droits d'entrée ici que nous avons espérons avoir évités...

Demain nous levons l'ancre pour Crasqui...

C'est où ?

Date de dernière mise à jour : 09/06/2022